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Triglav circle : La ruralité aujourd’hui : Le Local et le Global – Rapport

                                                                                                                 5 Mars 2018

CERCLE TRIGLAV, SEMINAIRE DE POUSSIGNOL, 7-9 JUILLET 2017

LA RURALITE AUJOURD’HUI : LE LOCAL ET LE GLOBAL

Le Cercle Triglav est une d’Organisation Non-Gouvernementale ayant statut consultatif auprès du Conseil Economique et Social des Nations-Unies. Créé a l’occasion du Sommet Mondial des Nations Unies pour le Développement Social  réuni à Copenhague en Mars 1995, le Cercle a pour mission d’approfondir et promouvoir les dimensions éthiques et spirituelles du développement.

Ayant une branche aux Etats-Unis d’Amérique et une branche en France, le Cercle organise régulièrement des séminaires. En 2014, à Neufchâtel, Suisse, c’est le concept d’harmonie avec la nature et ses relations avec les politiques environnementales qui fut débattu. En 2016, au Domaine de La Garde, près de Bourg en Bresse, les débats portèrent sur l’enrichissement des Objectifs des Nations Unis pour 2030 par la Lettre Encyclique du Pape François, Laudato SI’.

Le dernier en date, objet de ce rapport et consacré à la ruralité, se tint en Juillet 2017, au Château de Poussignol, Blismes, Nièvre, 58120. Participèrent a cette réunion des membres et familiers du Cercle ainsi que des personnes engages directement et a divers titres dans la vie locale.

Le Cercle Triglav dipose d’un site, www.triglavcircleonline.org.

RAPPORT[1]

Le premier objectif de ce séminaire était de comprendre ce que signifie la ruralité aujourd’hui, comme réalité  d’un territoire et comme projet politique, en s’appuyant sur les témoignages de personnes vivant et travaillant dans la Nièvre, département  du centre de la France ayant un caractère rural très marqué.

Un deuxième objectif, lié aux origines du Cercle Triglav, était de clarifier les relations de la ruralité, réalité et projet local, avec son environnement national et global. En résumé, dans quelle mesure les idées et actions locales sont-elles aidées, soutenues, ou au contraire contrariées par les politiques nationales et internationales ? 

Un troisième objectif, également lie à la vocation du Cercle Triglav, était de saisir la signification de la ruralité, telle que perçue aujourd’hui, dans l’évolution des idées concernant en particulier la mondialisation, le  développement, le progrès et la place de l’humanité dans la nature.

L’essentiel du court temps disponible a été consacré aux témoignages de personnes impliquées directement dans la vie locale. Ces témoignages font l’objet de la première partie de ce rapport. Les débats qui ont suivi, et qui ont porté notamment sur les questions d’agriculture et de ruralité dans quelques pays autres que la France, sont résumés dans la seconde partie.

A la fin du séminaire, un document préparé par l’un des participants a été présenté et, faute de temps, non débattu. Ce document, intitulé La Transformation des Territoires Ruraux en France : Un Siècle d’Histoire, est remarquable de rigueur, de clarté et de richesse d’information. Sa Table des Matières est donnée dans une annexe a ce rapport. Il sera disponible sur le site du Cercle Triglav, comme le seront ce rapport et les autres documents relatifs au   séminaire de Poussignol.. 

I Témoignages de personnes  vivant et travaillant dans la Nièvre

Les documents de préparation de ce séminaire notaient que, en tout cas en France et en laissant de côté les scenarios futuristes ou ce sont des parcs de loisir qui remplaceraient les terres agricoles, il n’y a pas de ruralité, c’est-à-dire pas de territoire que l’on peut qualifier de rural, sans agriculture. Mais, toujours dans le cas de la France, certaines institutions et organisations élaborent et mettent en œuvre des politiques et des projets  pour faire vivre ou revivre les territoires ruraux, et ce sont d’autres institutions et organisations qui se préoccupent de l’agriculture.  Par exemple, la Nièvre a une Chambre des Métiers et de l’Artisanat et une Chambre d’Agriculture ; les agriculteurs ont leurs propres syndicats ; et, au niveau national, la ruralité relève du ministère chargé de l’aménagement et de l’égalité des territoires et l’agriculture du Ministère de l’Agriculture. Etant donnée la brièveté de ce séminaire, peut-être eu-t’-il donc été souhaitable de concentrer le débat soit sur la ruralité soit sur l’agriculture. Néanmoins, ça n’est pas le choix qui fut fait : sont venus témoigner à Poussignol, des agriculteurs et des personnes engagées à divers titres dans la vie locale.

Premier témoignage

L’une de ces dernières, ayant des responsabilités dans la gestion d’une commune du Morvan-Nièvre d’environ 1300 habitants et aussi dans la direction d’une fondation intitulée Fondation Morvan, Terre de Vie en Bourgogne, indiqua d’abord que l’on assiste à un rapprochement de ces deux entités, le « local » et l’ «urbain.» Le local, ou le rural, n’est plus simplement tout ce  que n’est pas l’urbain. Il a en quelque sorte une identité propre. Et, depuis quelques années,  il est l’objet de politiques précises reposant sur l’objectif d’égalité des territoires. Il y a, par exemple, des «contrats de ruralité,» conclus entre l’Etat et les collectivités locales.[2]Autre exemple, un projet de loi déposé en 2016 demande la mise en place d’une Agence nationale de revitalisation rurale, sur le modèle de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, créée en 2003/2004. Et, les campagnes et les villes ne sont plus des isolats. Elles s’inscrivent dans un système global dominé par la question du « vivre ensemble.»[3]De plus, ce rapprochement s’inscrit dans un changement sociologique et culturel de grande ampleur et importance : selon des sondages, environ 65% des Français veulent vivre à la campagne. D’aucuns parlent d’un «exode urbain», pour marquer le contraste entre cette récente tendance et l’exode rural qui a transformé les pays occidentaux depuis la révolution industrielle du 19eme siècle.[4]

En effet, d’après l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee),depuis la fin des années 1970 le solde migratoire est devenu positif dans les campagnes françaises, et depuis 2000 il en va de même du solde naturel. Le département de la Nièvre, qui est très fortement rural, reste cependant déficitaire sur ces deux plans, si bien que sa population continue de diminuer et de vieillir.[5]Néanmoins, le Morvan, qui s’étend sur quatre départements et occupe la partie Est de la Nièvre, a aujourd’hui, selon les chiffres les plus récents de l’Insee, un solde migratoire positif de 0,3%. Confirmé, et étendu a l’ensemble de la Nièvre, ce changement représenterait le  renversement d’un mouvement séculaire de dépeuplement. Les nouveaux arrivants dans la région sont non seulement des retraités – le «retour au pays» n’est pas un phénomène nouveau – mais des actifs, notamment des personnes utilisant la dissociation aujourd’hui possible entre lieu de travail et lieu de résidence.

Ce signe d’un renouveau démographique de la région s’inscrit dans une situation qui reste difficile et dont les caractéristiques sont notamment un tissu économique fragile, des services très dispersés, des problèmes de mobilité et, pour certains bourgs, des pertes de résidents. S’appuyant sur quelques idées directrices, telles la diversité est une richesse, le Morvan est vraiment une « terre de vie », l’intervenant évoqua les actions engagées, avec de notables succès,  pour améliorer l’attractivité de ce bourg d’un peu plus de 1000 habitants comportant plusieurs hameaux relativement isolés et qui se veut devenir un «village du futur»[6].

Les premières actions concernent l’accueil des nouveaux arrivants. Dans le cadre de l’objectif aujourd’hui largement partagé de reconquête des centres bourgs, les exemples de mesures prises incluent des plans locaux d’urbanisme et l’attribution de logements à des bailleurs sociaux. Les associations locales  sont très impliquées et ont un rôle majeur dans ces efforts d’accueil.

Un deuxième type d’actions porte directement sur les activités et les emplois. Le moto est «une autre vie s’invente ici». Riche de possibilités est la filière bois qui reste très peu exploitée dans cette région pourtant très boisée. Une initiative  prometteuse est la « Maison Bois Morvan ». Egalement riche de nouvelles possibilités est la très ancienne tradition du « jambon du Morvan ». Là aussi, des  initiatives et des réussites sont en cours. Et il en est de même dans le domaine culturel et dans le domaine touristique. Au total, dans cette commune morvandelle, vingt nouveaux projets, porteurs de quatre-vingt emplois, ont été mis en œuvre ces dernières années, sans augmentation des impôts locaux et avec une réduction du niveau des emprunts.

La troisième ligne d’actions relève de l’offre de services et de l’amélioration du cadre de vie. Un hôpital rural a été créé. Des aides aux personnes âgées, notamment pour les questions de mobilité, ont été mises en place. Une « scène territorialisée » a vu le jour. Des efforts ont été faits pour réaliser tout le potentiel d’un environnement d’une grande beauté naturelle. 

Cet exemple, conclut l’intervenant, montre que les politiques de ruralité sont une chance pour la France. Dans le contexte d’une recherche de l’égalité des territoires, les initiatives locales, soutenues par l’Etat et par l’Union Européenne, créent de nouvelles communautés de vie.

Deuxième témoignage

Le deuxième témoignage, offert par une personne impliquée dans la vie associative et dans l’économie agricole, fut une description du récent renouveau d’un bourg rural nivernais d’un peu plus de 600 habitants, qui cherche également à devenir un «village du futur». Notamment sous l’impulsion d’une association appelée La part du Colibri,[7]et avec le soutien actif du maire, de nombreuses initiatives ont été prises. Un marché rassemble les producteurs et artisans locaux une fois par mois. Ces produits locaux sont maintenant offerts à la cantine scolaire. Un restaurant/auberge a ouvert ses portes.   Des animations diverses sont offertes régulièrement aux habitants. Un verger collectif avec des plantations d’arbres fruitiers a été établi. Un service paramédical a été mis en place. Alors que ne subsistent en France que seulement deux endroits ou se pratique  le lavage de la laine de brebis, une initiative en ce domaine a été prise localement. L’intervenant souligna fortement le rôle déterminant des associations, de tous ceux qui se dévouent pour l’accomplissement de tâches souvent très humbles et très  obscures et pourtant indispensables au renouveau des bourgs et villages.

Troisième témoignage

Les carences de l’environnement politico-administratif au sein duquel entrepreneurs, commerçants, artisans de la Nièvre doivent opérer, que ce soit dans les communes rurales ou dans les communes urbaines,[8]firent l’objet d’une vigoureuse dénonciation par un troisième intervenant. D’abord, il y a la multiplicité des organes de décision. Aux représentants de l’Etat, préfets de la région – aujourd’hui Bourgogne-Franche Comte – et du département, sous- préfets et antennes régionales et départementales des administrations publiques, s’ajoutent les élus aux assemblées nationales – deux députés et deux sénateurs pour la Nièvre- les élus à l’assemblée régionale–sept élus pour la Nièvre au Conseil régional–et les élus locaux. Ceux-ci sont les élus au Conseil départemental – 34 pour la Nièvre, a raison de deux pour chacun des 17 cantons – qui, a leur tour, élisent un président, et les élus aux conseils municipaux  des 312 communes. Les conseillers municipaux, dont le nombre varie de 9 pour les communes de moins de 100 habitants[9]à 39 pour la ville de Nevers élisent les maires. Viennent ensuite les communautés de communes – neuf dans la Nièvre – et communautés d’agglomération –une dans la Nièvre, autour de Nevers – avec leurs conseils communautaires et leurs présidents qui, toutefois, sont choisis parmi les élus et maires des communes membres.[10]Puis, une autre forme de coopération intercommunale est le Pays, ou Pole d’Equilibre Territorial et Rural (PETR). Dans la Nièvre, il s’agit du Pays Nivernais-Morvan.[11]Enfin, il faut mentionner les chambres consulaires du département – Chambre des métiers et de l’artisanat et Chambre du Commerce et de l’Industrie – qui sont des établissements public administratif de l’Etat, soumis à la tutelle administrative et financière de celui-ci, mais dirigées par des élus.[12]

Un tel nombre d’acteurs et d’échelons de l’appareil politique et administratif est inévitablement source de chevauchements, de double-emplois et de confusion de la part des administrés. Nombreux sont ceux-ci qui ont un sentiment d’aliénation à l’égard d’un système perçu comme complexe et lointain. Le maire de la commune reste celui auquel on s’adresse  en premier lieu pour nombre de renseignements, problèmes et doléances. Mais, surtout dans les petites communes, le maire a de moins en moins de marge de manœuvre. Que l’on soit simple citoyen, artisan ou entrepreneur il faut donc souvent beaucoup de patience et d’entregent pour faire valoir ses droits ou pour trouver son chemin à travers les  multiples règlementations dans lesquelles l’initiative privée doit s’insérer. Pour l’intervenant, le milieu politique et administratif souffre d’une «culture de la réunion», d’un appétit excessif pour les études préalables et les prestations de consultants onéreuses et trop fréquemment inutiles, et, au total, d’un manque de connaissance et d’empathie pour les difficultés auxquelles sont confrontés les citoyens «ordinaires». Au surplus, la Nièvre, durant de nombreuses décennies et jusqu’aux élections de 2017, a été dominée par un seul parti politique. Cette situation de monopole a été source d’abus et de sclérose.

Quatrième témoignage

En ce qui concerne l’agriculture, c’est aussi une situation de quasi-monopole dont bénéficie la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), que ce soit dans les instances nationales ou s’élabore la politique agricole de la France ou au niveau régional et local, notamment dans les très influentes Chambres d’Agriculture qui sont des établissements publics gérés par des représentants élus des agriculteurs. En effet, dès ses origines à la fin du 19eme siècle le syndicalisme agricole a été dominé par l’idée d’unité du monde paysan dans une  société agraire hiérarchisée – du grand propriétaire à l’ouvrier agricole – mais unifiée autour d’objectifs communs.[13]Cette idée ne fit jamais l’unanimité dans le monde agricole et des organisations parallèles au syndicat «officiel » et interlocuteur unique de l’Etat furent crées tout au long du 20emesiècle, mais c’est seulement à partir des années 1980 que le pluralisme syndical agricole  fut reconnu par la loi et commença à être effectivement appliqué. Aujourd’hui, outre la FNSEA et son allié le Centre National des Jeunes Agriculteurs (CNJA) devenu en 2002 Jeunes Agriculteurs (JA), il y a en France trois autres syndicats agricoles : la Coordination Rurale, la Confédération paysanne et le Mouvement de défense des exploitants familiaux.[14]

L’un des intervenants sur le sujet de l’agriculture est propriétaire d’une ferme dans une commune qui fait partie de l’agglomération de Nevers et élu de la Confédération paysanne  à la Chambre d’Agriculture de la Nièvre.[15]La ferme a 70 hectares, 40 vaches, 120 brebis,  et 1500 poulets ; quatre/cinq hectares sont consacrésa la culture du blé (uniquement pour la consommation humaine et le blé qui entre dans la nourriture des poulets est acheté dans une coopérative), un hectare  aux pommes de terre et un hectare a d’autres légumeset a des citrouilles. Depuis 2015,  année ou un fils a rejoint  la ferme, un hectare est  utilisé pour la production de plantes médicinales. L’essentiel de la production est vendu localement, y compris a la ferme elle-même. L’intervenant et son épouse ont constitué un Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (GAEC)[16]et sont membres d’une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP)[17]

N’étant pas fils d’agriculteur, l’intervenant eut à ses débuts quelques difficultés à se faire accepter dans le voisinage et dans la profession. Ces difficultés se sont aplanies et le choix n’est certes pas regretté, pour ce qui est une vie de rude labeur procurant beaucoup de réelles satisfactions  et demandant aussi beaucoup de sacrifices. Surtout à ses débuts grâce à la vente des poulets, ce ménage parvint à survivre financièrement et son revenu se situe au niveau du salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC).[18]Serait-il possible de faire mieux ? La diversification aide- dans ce cas  ajouter au cheptel d’abord les poulets puis un peu de maraichage et, récemment, les plantes médicinales – et quelques hectares de plus seraient les bienvenus pour cette famille avec trois actifs, mais, au-delà d’un certain seuil, l’agrandissement des exploitations  n’est pas une bonne solution. Beaucoup d’agriculteurs dont les exploitations sont de 200, 300, 400 hectares et plus, qui ont, par nécessité et aussi par mode, adopté des modes de production très mécanisés et très dépendants d’intrants industriels, travaillent essentiellement pour rembourser leurs emprunts. Les suicides d’agriculteurs sont extrêmement fréquents et l’on occulte les causes de ce phénomène aussi tragique que scandaleux. La politique menée depuis des décennies par la France et par les autorités européennes conduit à la disparition de la paysannerie et de l’exploitation familiale.[19]Et, au surplus, la situation de l’agriculture en France montre que cette politique a globalement échouée.

C’est contre cette politique, reflétant une vision productiviste d’une agriculture ouverte aux marches mondiaux, mécanisé et grande consommatrice d’engrais, de pesticides et d’herbicides, que se bat la Confédération paysanne. Son projet est une agriculture paysanne avec les objectifs suivants : la souveraineté alimentaire, la maitrise de la répartition[20], le droit au revenu, le respect de l’environnement. Et, cette agriculture paysanne a trois fonctions : d’abord, produire une alimentation saine et de qualité pour tous ; en second lieu, employer, par l’installation et le maintien de paysan (ne)s nombreux, par l’amélioration des conditions de travail, par une lutte contre l’exode rural et pour des campagnes vivantes, en défendant notamment les petites fermes ; enfin, préserver la nature en excluant des méthodes de production dangereuses par leur impact direct ou indirect (nitrates, pesticides, antibiotiques, hormones, OGM…) et en entretenant et préservant pour les générations suivantes les ressources naturelles, les paysages et les terroirs, la biodiversité et le savoir- faire paysan.

Beaucoup d’efforts, d’initiatives, en France et dans d’autres pays, et dans la Nièvre, vont dans ce sens. La permaculture, l’agriculture biologique, l’agriculture « raisonnée » qui limite les intrants, le circuit court du producteur au consommateur, la vente directe, la mise en commun des machines et diverses formes de mutualisation ont de plus en plus d’adeptes. Sans doute, précise l’intervenant, mais cela demeure très insuffisant pour replacer l’agriculture française sur des bases saines et durables. Tout un système de pensée doit être profondément modifié. Il faut construire une agriculture paysanne pour remplacer l’agriculture d’aujourd’hui qui est fondée sur la compétition et le profit. Le monde n’est pas une marchandise. Ce projet d’agriculture paysanne est un modèle de société, celui du vivre ensemble, du vivre bien, de la solidarité.

Cinquième témoignage

Pour ce paysan-syndicaliste et son épouse, la décision de leur fils  de les rejoindre  a réglé la question de la transmission de leur ferme.[21]Il en est de même pour un autre couple, ceux-ci éleveurs, qui ont aussi participé à ce séminaire de Poussignol. C’est d’abord leur fils, âgé de 20 ans, qui a expliqué les raisons pour lesquelles il se préparait à joindre dans quelques mois  la ferme de ses parents. Ayant obtenu son baccalauréat (option sciences et technologie de l’agronomie et du vivant) a 17 ans, ce qui lui aurait permis de commencer à travailler immédiatement, il décida de poursuivre une formation de trois ans conduisant au Brevet de Technicien Supérieur Agricole (BTS), option productions animales.[22]Cette formation, maintenant terminée avec succès et très appréciée par l’intéressé, porta sur les différents aspects des techniques d’élevage, sur les cultures fourragères permettant de nourrir le cheptel, sur les méthodes de gestion des exploitations agricoles, et sur des questions de culture générale. Les modèles de production agricole alternatifs au modèle dominant qui est l’agriculture industrielle, notamment l’agriculture biologique, sont enseignés dans l’établissement ou ce jeune homme a reçu sa formation, et les élèves sont invités à faire leur propre choix lorsqu’ils exerceront leur profession. Ces élèves sont dans leur grande majorité des fils ou filles d’agriculteurs. Pour ceux et celles qui ne le sont pas, l’acquisition d’une ferme et l’installation dans celle-ci présentent des difficultés considérables, notamment mais pas seulement financières. En l’occurrence, ce fils d’éleveurs a depuis son enfance su qu’il embrasserait aussi cette vie rude et, avec ses joies et ses peines, riche de sens. Pour lui, il était impensable d’envisager une autre profession.

Ses parents, eux-mêmes fils et fille d’agriculteurs, aussi dans le Bazois, ont, sur une superficie de 212 hectares, un cheptel de 160 vaches, charolaises, et quelque 30 moutons.[23]Quelques hectares sont consacrés aux cultures fourragères. L’hiver, ce sont environ 300 animaux qu’il faut nourrir et loger dans des stabulations récemment construites et mises aux normes européennes. Tous les bâtiments anciens, y compris la maison d’habitation, ont été récemment achetés au propriétaire, mais celui-ci possède toujours l’essentiel des terres.[24]Le fermage,[25]et surtout le remboursement des emprunts bien que ceux-ci, en particulier pour la machinerie, n’aient pas du tout été extravagants, représentent une lourde charge. Au début, l’épouse avait un travail extérieur, aussi dans le domaine agricole. Lorsqu’il fut décidé qu’il serait bon qu’elle rejoigne l’exploitation et qu’a la perte de son salaire s’ajouta une conjoncture économique déjà très défavorable aux éleveurs, de très difficiles années suivirent. Il fallut se séparer en 2011 de l’employé qui n’était pourtant qu’à mi-temps.[26]Aujourd’hui cependant, et ce depuis quelques années, grâce à une série de décisions et bien que l’élevage des bovins soit toujours aussi peu rémunérateur, cette ferme, qui est un GAEC, assure a ce couple un revenu décent. Les subventions de l’Union Européenne dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC)[27]comptent pour environ un quart de ce revenu. Les perspectives d’avenir sont certes sources d’incertitude et d’inquiétude. Outre les points d’interrogation concernant la PAC et la politique agricole de l’UE et de la France, la consommation de viande parait devoir continuer à diminuer dans les pays économiquement développés. Mais, ce couple et leur fils, qui ont déjà montré leur capacité de travail et d’adaptation, aiment leur métier.et l’exercent assidument sans beaucoup croire que sa très grande importance sociale sera un jour pleinement reconnue.

Sixième témoignage

L’amour de ce métier d’agriculteur, de paysan, est aussi ce qui anime cette autre personne qui, ne pouvant assister à ce séminaire, a envoyé une Note qui a été distribuée aux participants. Sa ferme a 100 hectares, dont 30 en céréales et 70 en prairies pour un élevage de 500 brebis et d’une vingtaine de porcs. Ces derniers sont élevés en plein air et en bio. Les terres, qui produisent des céréales pour les animaux de la ferme et, sur 7 hectares, du blé destiné à la vente, sont aussi en bio. Quant aux brebis, à moyen terme l’idée est de mettre également le troupeau en bio, mais en diminuant sa taille. En effet, quand le père de cet homme avait en 2000 converti l’ensemble de l’exploitation en bio, il s’était aperçu qu’il n’y avait pas de débouchés suffisants pour sa production d’agneaux et il avait été contraint de revenir au système conventionnel pour son troupeau de brebis. Aujourd’hui, le projet d’ensemble, réalisable a moyen terme, est de tout mettre en bio[28]et d’acquérir une autonomie complète : nourriture pour les animaux, autonomie commerciale par la vente directe…

Les porcs sont vendus exclusivement en direct au consommateur, en caissette de 5kgs de viande fraiche et de produits transformés (saucisses, boudin, saucisson à l’ail, fritons…) par les soins de l’éleveur lui-même qui utilise pour ce faire un laboratoire agréé situé dans la ville d’Autun. Il y a une demande locale pour les produits bio de qualité, même s’ils sont plus chers. Les clients viennent d’un périmètre d’environ 30 kms. Citons l’intéressé : « Je voulais faire de la vente directe car après 15 ans à travailler dans les réseaux bio je m’apercevais que les consommateurs cherchaient à remettre de la confiance dans leur alimentation, et que cela passait par connaitre l’éleveur chez qui ils achetaient ces produits. Un énorme gouffre s’est creusé entre les consommateurs et les paysans qui ne se rencontrent plus qu’à l’ occasion de réunions folkloriques comme le salon de l’agriculture ou les comices agricoles mais aucune des deux parties ne comprend plus l’autre. Par la vente directe, on rétablit ce contact, on valorise son travail à la hauteur de ce qui nous parait juste, et on arrête d’engraisser les intermédiaires qui vivent sur le dos des paysans.»

En ce qui concerne la ruralité, voici les vues de ce jeune agriculteur : «Pour moi la ruralité c’est un lieu de vie, la campagne, dont découle une qualité de vie, mais ceci ne doit pas vouloir dire s’isoler du reste du monde. La Nièvre est un formidable laboratoire de la ruralité car de nombreux publics s’y croisent – paysans actifs, retraites, parisiens ou hollandais en résidence secondaire – et de nombreuses actions culturelles sont mises en place pour peu que l’on se donne la peine de se déplacer. Le problème est que tous ces publics ne se mélangent pas et que chacun a tendance à se cantonner dans ce qu’il connait.» 

Septième témoignage

Le séminaire reçu le témoignage d’un apiculteur qui, avec environ 200 ruches[29], commercialise surtout mais pas exclusivement sur le marché local des produits dont la grande qualité est le résultat d’un respect scrupuleux des processus naturels, tant dans la gestion des essaims que dans la méthode de fabrication du miel. Notamment, cet apiculteur n’intervient pas dans le renouvellement des reines ; il ne pratique pas la « sélection » afin d’améliorer artificiellement la « productivité » de ses ruches. Il ne pratique pas non plus la « transhumance » des essaims. L’hiver, les abeilles se nourrissent avec leur propre miel, ou, si besoin est, avec un complément naturel. Aucun produit chimique, antibiotique ou pesticide de synthèse n’est utilisé au cours de la fabrication du miel. Celui-ci est extrait à froid afin de conserver ses enzymes et ses vertus nutritionnelles et curatives. Ce sont là des caractéristiques d’un miel bio[30]. Seule manque l’exigence d’une distance minimum des ruches de 3 kilomètres de toute source de pollution, telles qu’autoroutes, zones industrielles, décharges et incinérateurs. Et, dans ce rayon de 3kms, les abeilles ne doivent pouvoir butiner que des fleurs sauvages ou issues de cultures bios, en général le tournesol ou le colza. Cette dernière exigence est, estime l’apiculteur, très difficile a satisfaire, en tout cas dans la Nièvre, ou les pesticides sont encore fréquemment utilisés dans l’agriculture. Ces pesticides, le développement de la monoculture et la fréquente présence de prédateurs, notamment le varroa et le frelon asiatique, sont parmi les principales causes reconnues des problèmes auxquels les apiculteurs sont confrontés, dans la Nièvre comme ailleurs. Il est estimé que 30 à 40 % des colonies ont été décimées en Europe en moins de 10 ans. Or, 80 % des espèces végétales dépendent directement de la pollinisation par les insectes.[31]La situation de l’apiculture est un des signes les plus parlants de la faillite d’un modèle de développement  fondé sur la compétition, la productivité et le profit.

Huitième témoignage

Consacrée aux témoignages de personnes engagées dans la vie locale, la journée du Samedi 8 Juillet se conclut par la présentation d’un film sur un viticulteur bio de Bourgogne. La viticulture bio implique  notamment l’abandon complet de l’usage des produits de synthèses, tels fongicides, insecticides et engrais. Elle implique aussi un retour du travail du sol, y compris dans certains cas un retour à l’enherbement,  en particulier pour favoriser l’activité microbienne des sols et éviter l’érosion. L’objectif de la viticulture biologique est de « pérenniser la vigne dans son environnement par la recherche d’un bon équilibre sol/plante/climat et par la protection du milieu (érosion, qualité de l’eau, diversité biologique…) En pratique il s’agit de: favoriser et préserver l’activité biologique du sol ; planter un matériel végétal adapté au milieu et respecter l’équilibre de la souche (végétation/récolte/racines) ; et, respecter la faune auxiliaire en préservant des zones enherbées, des haies… La conduite d’un vignoble en agriculture biologique implique le respect d’une liste d’intrants autorisés et l’optimisation des techniques de prophylaxie et de gestion du sol. La réussite d’un projet nécessite une bonne maitrise du vignoble, du matériel et de la main-d’œuvre. »[32]Il y a environ 1500 viticulteurs bio en France ; 10 à 15 % d’entre eux suivent les préceptes de la bio-dynamique, ou biodynamie ; 16,500 hectares, soit 14% du vignoble Français, sont déclarés en viticulture bio ; les surfaces en cours de conversion en bio couvrent près de 4000 hectares. La région la plus concernée par la viticulture bio est le Languedoc-Roussillon, avec 5030 hectares, soit 31% de la surface viticole bio française ; vient ensuite la région Provence-Côte d’Azur, avec 22% de cette surface.[33]La Bourgogne est en retrait, avec seulement 2577 hectares, soit 8 % de sa surface viticole, en bio, mais, depuis 2015, les conversions sont relativement nombreuses. A l’intérieur de la Bourgogne, c’est très nettement la Côte d’Or qui est le département le plus engagée dans la viticulture bio, avec 16% de la surface de ses vignes en bio ; vient ensuite l’Yonne, avec 7%, puis la Saône et Loire, un peu plus de 4%, et la Nièvre, 4%.[34]La vigne, traditionnelle et bio, est néanmoins une richesse non négligeable de la Nièvre.[35]Ses trois principaux vignobles sont les Cotes de la Charité, Pouilly-sur-Loire et les Coteaux du Giennois. En outre, des vins avec l’appellation Vins de Pays connaissent un renouveau depuis quelques décennies, notamment sur les coteaux qui dominent l’Yonne.

Une autre richesse de la Nièvre, la forêt, a été évoquée par l’un des participants.La forêt occupe 225,000 hectares, soit un tiers de la superficie du département. Les feuillus occupent 180,000 hectares, dont 66% de chênaies, et les résineux, surtout Douglas et essentiellement dans le Morvan, 45,000 hectares. Avec un accroissement annuel de 1,8 million de m3 de bois, la Nièvre est l’un des premiers gisements français pour ces deux essences, le chêne et le Douglas. Le Morvan est le plus grand producteur national de sapins de Noel. La forêt Nivernaise est à dominante privée, 169,500 hectares, et très morcelée. Elle est aussi communale, 31,500 hectares, et domaniale, 24,000 hectares, avec en particulier la forêt des Bertranges qui, avec ses 7.600 hectares, est la deuxième forêt productrice de chênes, la première étant  la forêt de Troncay située dans le département de l’Allier. La Nièvre est le premier producteur de France de merrains, ces chênes de la meilleure qualité qui sont utilisés pour faire les tonneaux. Mais, la Nièvre est davantage exportatrice que transformatrice de ses bois. Ce que l’on appelle sa filière bois n’est pas assez développée. Il y a quelques gros établissements de transformation, mais «l’essentiel de la valeur ajoutée s’effectue en amont de la filière, comme l’indique la balance du commerce extérieur du département. Le poids des exportations de bois brut (pour une valeur de 3,200.000 Euros en 2012) et des bois sciés et rabotés (9,500.000 Euros) domine au détriment des bois transformés.»[36]Pour l’intervenant, très familier avec ce domaine d’activité, l’une des raisons de cette situation est qu’en Nivernais l’on préfère souvent acquérir, en l’occurrence davantage d’hectares de forêts, qu’investir. 

II Autres points soulevés par les participants

La situation de l’agriculture en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse et aux Etats-Unis fut évoquée.

L’Allemagnea beaucoup développé sa production agricole durant les dernières décennies. Deuxième productrice de l’Union Européenne après la France, elle est maintenant la deuxième exportatrice d’Europe et la troisième dans le monde, après les Etats-Unis et les Pays-Bas et devant la France. Néanmoins, l’Allemagne reste net importatrice de produits agricoles. La production est, en valeur, à peu près équivalente pour les céréales et pour l’élevage. Ce sont les productions de porcs et de volailles qui ont connu l’augmentation la plus spectaculaire. Avec 5,5 millions de tonnes annuellement l’Allemagne est la première productrice de porcs en Europe. Ces résultats sont communément attribués a une concentration et spécialisation de l’agriculture allemande. Il y a bien 46% des exploitations qui ont moins de 20 hectares, situées surtout dans le Sud et l’Ouest du pays, mais les 10% d’exploitations avec plus de 100 hectares, présentes essentiellement à l’Est, occupent 57% de la surface agricole utilisée.[37]Et, le nombre total d’exploitations diminue de 5% par an.[38]La spécialisation, quant à elle, est illustrée par les productions de porcs et de volailles. Ces succès de l’agriculture allemande relèvent du modèle productiviste qui domine l’économie mondiale depuis le milieu du 20eme siècle et qui, en Allemagne comme en France, est de plus en plus remis en question. Le mouvement écologique est très puissant, notamment avec le parti «vert», et les autres partis politiques ont adopté beaucoup de ses méthodes et objectifs.  Les produits régionaux sont de plus en plus populaires – il y a par exemple à Berlin un très grand marché pour ces produits. Il est maintenant «à la mode» de consommer des produits «de saison». La demande pour les produits de l’agriculture bio  s’accroit très rapidement. Le chiffre d’affaire de ces produits a atteint 8,6 milliards d’Euros en 2015. Mais, le nombre d’exploitations convertis en bio n’augmente pas au même rythme – 4% par an- et les abandons sont fréquents, si bien que la surface cultivée en bio stagne autour de 6,5% des terres agricoles allemandes. Il s’ensuit une forte croissance des importations de produits de l’agriculture biologique. Le gouvernement allemand s’est fixé un objectif d’augmentation de 20%  de la production agricole bio durant les prochaines années.[39]

En dépit d’un territoire exigu et d’une densité de population très élevée les Pays-Basréussissent à avoir une agriculture et une industrie agro-alimentaire si performantes qu’elles font de ce petit pays, répétons-le, le deuxième exportateur de produits agro-alimentaires du monde. Ses exportations sont  essentiellement les produits de l’horticulture, la viande, les produits laitiers et les fruits et légumes, notamment cultives sous serre. Ses méthodes sont une agriculture très intensive et hautement mécanisée. La taille moyenne des exploitations est 28 hectares. Un tiers ont disparu depuis 2000. Les pouvoirs publics mettent l’accent sur la qualité, la compétitivité et l’innovation. Des soutiens sont cibles, y compris pour rémunérer les services que les agriculteurs rendent a la société, principalement pour les équilibres écologiques et l’esthétique des paysages. A terme, l’intention est de discontinuer les aides directes au revenu. Dans ce contexte d’insistance sur la qualité des produits agricoles et agro-alimentaires, d’intérêt très réel et très répandu pour la protection de l’environnement et aussi  de souci grandissant d’assurer le bien-être animal, l’agriculture bio se développe très lentement : 1,400 exploitations, soit 2,2% du total et 2,7% de la surface agricole utilisée.[40]Les Pays-Bas, avec 26% du territoire en-dessous du niveau de la mer, ont une conscience aigüe de la nécessite de respecter la nature. 

La place prééminente que tient l’agriculture dans la société Suisse fut soulignée. Mentionnons en particulier que le Conseil fédéral a  un Office fédéral de l’agriculture et que, suite à un vote populaire de Juin 1996, la Constitution inclut un article sur l’agriculture. Selon cet Article 104 : « La Confédération veille à ce que l’agriculture, par une production répondant à la fois aux exigences du développement durable et à celles du marché, contribue substantiellement : (a) à la sécurité de l’approvisionnement de la population, (b) à la conservation des ressources naturelles et à l’entretien du paysage rural, (c) à l’occupation décentralisée du territoire. » Suit l’énoncé des mesures que la Confédération prend « pour que l’agriculture réponde à ses multiples fonctions.» Notamment, elle «complète le revenu paysan par des paiements directs», elle «encourage, au moyen de mesures incitatives présentant un intérêt économique, les formes d’exploitation particulièrement en accord avec la nature et respectueuse de l’environnement et des animaux», elle « protège l’environnement contre les atteintes liées a l’utilisation abusive d’engrais, de produits chimiques… », et elle « peut légiférer sur la consolidation de la propriété rurale.»[41]Les paiements directs se sont élevés a 3 milliards de francs en 2016, ce qui représente un montant de subventions à l’hectare dix fois supérieur a celui pratiqué en moyenne en France. Une petite partie de ces aides, environ 45 millions de francs, est pour encourager l’agriculture biologique. Celle-ci reste néanmoins modeste :un peu plus de 6,000 fermes pour 13% de la surface agricole totale et une part du marché de 8%. Aussi,  « Coop » et « Migros », les deux géants de la distribution en Suisse, couvrent ensemble 75% du marché des produits bio.[42] Toujours est-il qu’une partie de la population considère que l’agriculture suisse demeure trop intensive, trop industrielle et trop destructrice de l’environnement. Une initiative populaire, intitulée « Pour une eau potable propre et une alimentation saine », ayant recueillie 114,420 signatures, a été déposée auprès de la Chancellerie Fédérale le 25 Janvier 2018. Le texte prévoit qu’après une période transitoire de 8 ans, seules les exploitations n’utilisant aucun pesticide ni antibiotique a titre prophylactique et élevant un bétail nourri exclusivement avec du fourrage produit sur l’exploitation recevront des aides financières fédérales. L’Article 104 de la Constitution serait donc radicalement modifiée.[43]A ce jour, 15 Février 2018, aucune date pour la votation n’a encore être annoncée.

La diversité de l’agriculture américaine fut évoquée. Si la superficie moyenne des exploitations agricoles aux Etats-Unisest d’environ 200 hectares, c’est qu’il subsiste nombre de petites fermes, surtout dans l’Est et le Sud du pays, dont les exploitants vivent aux limites du seuil de pauvreté, à côté de gigantesques entreprises agricoles couvrant des milliers d’hectares, les « agro businesses », qui dominent le centre et l’ouest, depuis les « great plains » jusqu’aux vallées californiennes. Les propriétaires de ces fermes-entreprises, les « farmers » dirigent parfois leurs exploitations depuis un centre urbain. Souvent leur « business » est intégré, depuis la production de maïs, de soja, de blé ou de viande, jusqu’à la commercialisation de ces produits en passant par la fourniture des intrants nécessaires a la production. D’où la notion de complexe agro-industriel, qui évoque le complexe militaro-industriel dénoncé par le Président Eisenhower dans les années 1950s. Là est produit le maïs –qui occupe 20% de la surface agricole américaine- et là sont élevées les 20 millions de têtes de bovins qui permettent aux Américains d’être, de très loin, les plus grands consommateurs de viande au monde. Pourtant, cette agriculture, intensive et industrialisée, est depuis des décennies en situation récurrente de surplus. L’exportation est pour elle une nécessité vitale.[44]Cette même agriculture industrielle utilise, bien sûr, d’énormes quantités d’engrais chimiques, de pesticides et  herbicides, dont le très célèbre « Roundup» produit par la non moins célèbre firme Monsanto qui exerce un quasi-monopole sur l’ensemble de l’agriculture américaine, y compris par la production d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Autour de 90%  de la production de maïs et de soja est OGM et les semences OGM sont aussi autorisées pour d’autres plantes notamment le coton et le colza.[45]Les multiples problèmes liés à ces pratiques sont de plus en plus évidents et c’est en partie par réaction que des formes d’agriculture respectueuses de la nature se développent vigoureusement aux Etats-Unis. Il y a celles d’origine religieuse ou philosophique, telles les très anciennes fermes des Amish et les fermes biodynamiques inspirées par la théosophie de Rudolph Steiner.[46]Il y a les nombreuses fermes dont les exploitants rejettent les méthodes d’agriculture industrielle pour des raisons strictement rationnelles sans pour autant pouvoir ou vouloir rechercher un label particulier. Et il y a l’agriculture biologique qui progresse très rapidement. C’est en 2002 qu’une loi fédérale a fixé le cadre du « National Organic Program » et crée la certification « USDA organic »[47]. Aujourd’hui, près de 5% du marché alimentaire américain est bio, contre 1,3% en 2001 et la demande ne fait que croître. Ce marché reste néanmoins très capitaliste : outre les chaines de magasins spécialisés en produits « naturels », 75% des supermarchés vendent du bio, si bien que les ventes directes ou dans les marches locaux par les producteurs représentent seulement 7% de la commercialisation des produits bio.[48]Notons que la loi fédérale sur l’agriculture (« farm bill ») de 2014 comporte nombre de provisions favorables à l’agriculture non-industrielle. Cette loi expire à l’automne 2018.[49]

La ruralité est-elle, dans d’autres pays que la France, à la fois situation d’un territoire et politique ?Quelques remarques, faites durant le séminaire et concernant un nombre limité de pays européens, suggèrent des éléments de réponse qui ne sont que des hypothèses demandant vérification. 

Il semblerait que même le mot de ruralité, signifiant situation d’un territoire, résonne négativement, connote un problème aux oreilles françaises, alors qu’il est beaucoup plus neutre dans les pays voisins. « Paris et le désert français »[50]est un constat qui n’est certes plus vraiment d’actualité mais qui a laissé des traces dans la culture nationale, alors que l’on n’imagine pas pareil jugement pour Berlin, Rome, Madrid, Bruxelles, La Haye ou Berne. En France, la très ancienne tradition centralisatrice reste d’actualité[51]et les espaces ruraux dits « profonds » ou « fragiles », en stagnation ou déclin démographique et économique, sont relativement nombreux. Ailleurs en Europe, et le cas de l’Allemagne fut mentionné, le maintien dans les zones rurales d’une agriculture paysanne et de petites et moyennes entreprises (PME) fait que beaucoup de ces zones ont un niveau de prospérité comparable à celui des centres urbains.[52]En France, l’activité économique non-agricole est très concentrée à la fois en poids relatif  des grandes entreprises et en termes de répartition géographique : cinq régions rassemblent 54% des emplois[53]. Les très ombreuses microentreprises et les PME, qui ensemble représentent 47% des emplois, sont elles-mêmes concentrées dans les parties économiquement dynamiques du territoire.[54]Dans la Nièvre par exemple, c’est l’Est du département, au long de la vallée de la Loire, qui truste les possibilités d’emploi. En outre, en France, les commerces indépendants des centre-villes et centre-bourgs subsistent difficilement et disparaissent en grand nombre sauf dans les grandes villes et zones touristiques.[55]Un autre élément à prendre en compte pour expliquer la situation précaire de nombre de zones rurales en France est sa faible densité de population par comparaison avec ses voisins européens ayant un niveau de développement économique comparable.[56]

Ces caractéristiques de son territoire rural expliquent, au moins en partie, que la France ait une politique nationale  de la ruralité[57]alors que cela ne semble pas être le cas dans les quelques pays européens évoqués, ni aux Etats-Unis. Mais, cette observation demande à être considérablement nuancée.  D’abord, une politique, surtout si elle est nationale et dotée d’une certaine visibilité, se juge a sa cohérence et à ses fruits. Redonner vie à des territoires ruraux déprimés n’est pas séparable d’une agriculture paysanne. Or la politique agricole française n’a pas rompue avec le modèle  productiviste et libre-échangiste qui est la cause majeure du déclin de beaucoup de campagnes. Quant aux intentions gouvernementales de revitaliser villages et bourgs, elles sont contredites par nombre de mesures dont la suppression ou la réduction  de  services et établissements publics  plus ou moins privatisés et soumis dorénavant a des critères de compétitivité et de rentabilité. Ensuite,  l’absence du mot « ruralité » dans les organigrammes gouvernementaux  et sa faible présence dans les discours officiels ne signifie évidemment pas l’absence de politique concernant les espaces ruraux, notamment dans les systèmes politiques de type fédéral et très décentralisés, par exemple en Allemagne ou en Suisse, ou encore aux Etats-Unis. 

En troisième lieu, aujourd’hui, en tout cas dans les démocraties occidentales, les actions que l’on peut appeler politiques car contribuant au bien commun ne sont plus le privilège exclusif  des gouvernements et de leurs administrations. En ce qui concerne les questions de ruralité, l’Etat, au mieux offre une vision d’ensemble de l’aménagement du territoire et de la place des espaces ruraux dans cette vision et au pire ignore le rural ou conduit dans d’autres domaines des politiques qui vont a l’encontre de ses objectifs affichés. Comme l’ont illustré les témoignages reçus durant ce séminaire, et il n’y aucune raison de penser qu’il en va différemment dans la Creuse, le Gers, la Lozère ou le Finistère, en France  les initiatives et les actions concrètes redonnant vie aux espaces ruraux qui s’étiolaient depuis des décennies sont le fait d’élus locaux, d’associations diverses et de simples citoyennes et citoyens. Dans le cas de l’Allemagne, il a été souligné que, surtout dans ce qui était l’Allemagne de l’Ouest avant la réunification, de nombreuses municipalités ont été supprimées dans le cadre d’une politique de restructuration régionale[58]et ce sont les habitants de ces villages et petites villes qui ont formé des associations civiques pour remplacer les conseils d’élus et accomplir un certain nombre de tâches indispensables à la vie de la communauté. Et,  la perception de ce qui est «indispensable »  au vivre ensemble s’étend souvent au maintien et a la restauration de temples et églises plus ou moins abandonnés. « Croyants » et « non-croyants » donnent ressources et énergie pour sauver ces lieux qui représentent la part d’eux-mêmes et de la communauté  qui échappe aux calculs et a une rationalité réduite a l’utilitaire. Il en va de même en France. Dans la Nièvre, le journal local a rendu compte d’une dizaine d’initiatives de ce genre en 2017. Peut-être observe-t-on le même phénomène dans d’autres pays européens et au-delà. 

Souveraineté alimentaire et pénurie alimentaire

Les questions de souveraineté alimentaire et de pénurie alimentaire furent abordées.  D’abord, il fut affirmé que la pénurie alimentaire, comme réalité dans certaines régions et comme sérieux risque pour l’humanité dans l’avenir,  est à la fois le résultat  des politiques agricoles menées depuis la Seconde Guerre Mondiale et une construction idéologique répandue par les bénéficiaires  de ces politiques, en premier lieu les firmes multinationales dont la plus visible est Monsanto. Dans beaucoup de pays, notamment en Afrique, les productions locales traditionnelles ont été réduites ou éliminées et remplacées dans les consommations par des céréales importés de pays dont l’agriculture industrielle produisait des surplus considérables, en premier lieu les Etats-Unis d’Amérique. Ces surplus constituaient notamment, et c’est toujours le cas, l’essentiel de « l’aide » octroyée aux pays « pauvres » par le Programme Alimentaire Mondial des Nations-Unis. Puis, les famines périodiques et localisées, la croissance démographique, la désertification dont l’une des causes est le réchauffement climatique,  devinrent autant d’arguments pour « démontrer » que la seule manière d’assurer la nourriture de l’humanité était de poursuivre  le même modèle avec ses fermes industrielles, ses agro-industries tentaculaires, ses organismes génétiquement modifiés, ses pesticides, herbicides et autres hormones de croissance, et son cortège de conséquences négatives sur la nature, dont le déclin rapide de la biodiversité, sur l’agriculture elle-même, avec en particulier la perte des variétés de semences, et sur la sante des êtres humains, toutes ces conséquences étant niées par des « études scientifiques » menées par des « chercheurs » financés par les corporations responsables. 

Ce modèle a perdu beaucoup de sa crédibilité, mais il domine toujours la plupart des politiques nationales et des diverses institutions publiques et privées qui déterminent les contours de la mondialisation d’aujourd’hui. L’alternative , et la réponse a la peur de la pénurie alimentaire, est la souveraineté alimentaire fondée sur des formes d’agriculture allant de la ferme paysanne aux jardins collectifs au milieu des villes, adaptées aux  caractéristiques et savoirs locaux, et s’appuyant sur de multiples innovations qui sont souvent la redécouverte de pratiques anciennes revues et rendues plus performantes par des techniques et instruments modernes. La clé de la viabilité de cette alternative est, bien sûr, que le métier de paysan soit reconnu comme essentiel à toute société, et que ceux et celles qui pratiquent ce métier en retirent un revenu en accord avec l’importance sociale de leur travail. Remplir cette condition implique un changement dans l’échelle des valeurs des sociétés modernes, un changement culturel qui signifie aussi l’adoption de modes de consommation et de styles de vie plus simples, avec ni gaspillages, ni obsolescence  programmée des objets nécessaires à la vie quotidienne, ni création artificielle de « besoins » par la publicité. Loin d’être utopique au sens d’irréaliste, ce changement culturel est en cours, mais il reste à la marge. Sa victoire, qui serait celle de l’humanité, n’est pas du tout certaine. Chaque action, chaque décision qui  contribue à sa réalisation compte. 

Cette prise de position a suscité quelques commentaires :

– aux méfaits économiques et environnementaux de l’agriculture industrielle – et ils sont énormes, sachant par exemple qu’une tonne de céréales récoltée dans l’Iowa représente une tonne d’érosion pour la planète – il faut ajouter les méfaits sociaux : beaucoup d’agriculteurs sont isolés (l’exemple cité était les Etats-Unis) et certaines communautés sont dépourvues de tout service public ;

-le renouveau d’intérêt pour les fermes petites, familiales, polyvalentes et peu mécanisées est notable non seulement en Europe et aux Etats-Unis mais aussi sur le continent Africain, notamment en Mozambique, en Zambie, au Malawi et au Nigeria ; la souveraineté alimentaire dépend de la généralisation de ce mouvement ;

– la notion de souveraineté alimentaire est totalement absente du discours politique, en tout cas en France ; 

-il faut considérer  la question de la sécurité alimentaire à l’échelle de la planète, y compris en termes d’équilibre entre les régions et de paix mondiale, et il ne faut pas songer uniquement à la terre – la production de viande demande beaucoup de ressources  – mais aussi aux océans comme source de nourriture ;

– nous vivons un âge de « révolution génétique » et il ne faut pas rejeter les aspects de cette révolution qui peuvent être, et sont déjà très bénéfiques a la sécurité alimentaire de l’humanité ; la photosynthèse ouvre aussi d’intéressantes possibilités ;

– l’agriculture doit être vue comme un aspect essentiel du bien commun de l’humanité et non pas comme un produit soumis aux « lois du marché », mais cette approche sera difficile car elle se heurte non seulement à l’individualisme ambiant mais aussi aux intérêts des corporations qui contrôlent fréquemment l’accès à l’eau et aux sources d’énergie ;

 -il faudra trouver le moyen d’harmoniser la nécessité d’échanges mondiaux avec une agriculture localisée et respectueuse de la nature, mais ceci ne signifie pas que les marchés mondiaux, tels qu’ils existent aujourd’hui doivent être maintenus ;

-on ne saurait supprimer le commerce international en produits agricole et alimentaires, mais c’est la responsabilité des Etats – que ce soit la Chine, les pays Africains ou la France – de convaincre leurs citoyens consommateurs qu’il est important de se nourrir de ce qui est produit localement ; la souveraineté alimentaire c’est l’éducation des consommateurs ; 

-la souveraineté alimentaire ? Fort bien, mais en vertu de quelle rationalité devrai- je sacrifier mes goûts personnels ? Figurez-vous que j’aime les mangues ; or, à ma connaissance  les mangues ne poussent pas dans le Morvan – trop de granit, trop de brumes et de gelées…Et puis j’aime ma montre japonaise, et les Japonais, eux, aiment beaucoup le Bourgogne. Pourquoi ne pas rêver d’un monde ou les Chinois mangent du Charolais, les Japonais boivent du Bourgogne, et les Français dégustent des mangues, venant si possible du Brésil ?

– sans doute la bonne santé de l’agriculture est-elle inséparable de la bonne santé des territoires ruraux, mais il ne faudrait pas faire totalement dépendre celle-ci de celle-là ; dans la Nièvre, beaucoup pourrait être fait pour rendre dynamisme et prospérité a des bourgs et petites villes qui ont des atouts touristiques et autres mais qui paraissent incapables de faire fructifier leurs atouts ; pourquoi, par exemple, la station thermale de Saint-Honoré les Bains est-elle dans sa situation actuelle ? Pourquoi y-a-t ’il si peu d’hôtels dans le Morvan ? On pourrait multiplier ces questions dont la réponse est avant tout dans un changement des mentalités et dans des investissements judicieux ;

– les problèmes d’agriculture et de ruralité ne peuvent être vues en dehors de leur contexte économique et politique national ; doivent par exemple être analysés et prises en compte la culture des grandes corporations, l’équilibre entre ce que l’appelle la « flexibilité » et la protection des salariés et employés, les caractéristiques des structures d’éducation et de formation, notamment la formation dite « continue », et, bien évidemment, les systèmes de taxation et de redistribution. Peut-être particulièrement sur ce dernier point, les comparaisons internationales permettent de soulever d’intéressantes questions. Rapportées au produit intérieur brut (PIB), les charges fiscales, incluses les contributions sociales, étaient en 2015 plus élevées en France qu’en Suède. Or, nul ne saurait en conclure que les Suédois bénéficient de moins de services publics – y compris pour l’éducation et la santé  – et de moins de prestations et protections diverses que les Français.[59]

                                                Annexe 1

                            Liste des participants et intervenants

Participants(ordre alphabetique)              Intervenants(ordre d’intervention)

Peter Baas                                                             Jean-Pierrre Lacroix

Amélie Baudot                                                       Christine Delbove

Barbara Baudot                                                       Pierre Chevrier

Jacques Baudot                                                      Denis Sanchez                                                      

Jean-Marie de Bourgoing                                     Jean-Baptiste Durand                                   

Jean-Michel Collette                                               Sophie Durand                                               

Arthur Dahl                                                             Michel Durand

Steve Gorman                                                         Samuel Delobbe                                                       

Marie-Aimée Latournerie                                        Pascal Collignon

Elizabeth Raiser                                                     Thomas Chevrier

Konrad Raiser

Dirck Raiser

                                                       Annexe 2

                      Liste des documents préparés pour ce séminaire

Ordre du Jour et Programme de Travail

Note 1 : Département de la Nièvre: population, territoire et organisation administrative

Note 2 : L’Economie de la Nièvre :quelques données

Note 3 : Rural, ruralité, ruralisme, agriculture, paysannerie…Quelques définitions, remarques, programmes…

Note 4 : L’Agriculture biologique et autres modes de production similaires

Note 5 : Résumé du Chapitre 4, Une Ecologie Intégrale, de la Lettre Encyclique du pape François Loué sois-Tu (Laudato Si’), Sur la Sauvegarde de la maison commune

La Transformation des Territoires Ruraux en France : Un Siècle d’Histoire (voir Annexe 3)

                                                 Annexe 3

La Transformation des Territoires Ruraux en France : Un Siècle d’Histoire 

                                    par Jean-Michel Collette

                                     Table des Matières

Introduction…………………………………………………………………………. 2

1 Les populations……………………………………………………………………3

  1. Population urbaine/population rurale……………………………………….3
    1. L’évolution des densités………………………………………………………4
    1. La concentration des populations……………………………………………4
  • Les collectivités territoriales…………………………………………………..7
  • Le maillage communal…………………………………………………………7
    • Le département’…………………………………………………………………9
    • Les régions……………………………………………………………………   .9
  •  L’usage des sols……………………………………………………………….11
  • Les terres agricoles……………………………………………………………11
    • Les forets………………………………………………………………………  12
    • Les espaces naturels et semi-naturels……………………………………..13
  • La mise en valeur des territoires…………………………………………….15
  • Les exploitations agricoles…………………………………………………  15
    • L’exploitation des forets………………………………………………………18
    • La protection des espaces naturels…………………………………………21                 
    • La gestion des ressources en eau…………………………………………..24

Notes…………………………………………………………………………………..29


[1]Préparé par Jacques Baudot, Secrétaire du Cercle Triglav

[2]Les contrats de ruralité, conclus entre l’Etat (le Préfet) et les collectivités locales (notamment les communautés de communes) portent sur un projet de territoire et ont pour fonction de coordonner les sources de financement et les diverses initiatives publiques et privées ; lancés en 2016, environ 200 de ces contrats sont aujourd’hui opératoires en France. La Nièvre a signé un contrat de ruralité en Mars 2017 ; il couvre le centre et l’Est du département, avec quatre communautés de communes, 140 communes, 50,900 habitants, pour une densité de 14 habitants au km2. 

[3]Pour ces points l’intervenant s’est référé aux travaux de Laurent Rieutort, géographe, professeur a l’Université Clermont Auvergne, auteur notamment  de La géographie française et la question rurale, dans l’ouvrage Dynamique des espaces ruraux dans le monde, Armand Collin, 2011. Laurent Rieutort est , pour ses recherches, attaché au Centre d’Etudes et de Recherches Appliquées au Massif Central, à la moyenne montagne, et aux espaces  fragiles (CERAMAC).

[4]L’intervenant fit aussi  référence à un rapport du Senat  intitulé L’avenir des campagnes, présenté par deux sénateurs le 22 Janvier 2013 au nom de la Délégation sénatoriale a la prospective.(rapport no 271). Ce rapport , très complet et très riche en faits et en idées, est au surplus très  agréable à lire.

[5]Au 1 janvier 2017 la population de la Nièvre était estimée a 221.048 habitants, ce qui situe ce département au 88eme rang des 102 départements de la France.. Entre les deux derniers recensements -2009 et 2014- la baisse fut de 3.1 %, alors que durant la même période la population de la France a augmentée de 2,4%.  

[6]En 2010, le Conseil Régional de Bourgogne créa en son sein une cellule pour l’innovation appelée « la Transfo » et chargée de commencer son travail par un exemple pratique, l’avenir des villages bourguignons. Apres plusieurs années  ans d’un travail centré sur cinq villages l’équipe responsable  publia ses conclusions et  conseils dans un livre intitulé Les Villages du Futur, en 2016, a la Documentation Française. En parallèle, un certain nombre de villages de la Nièvre se sont engagés sur cette voie, par exemple Lormes et son canton. Sous le titre Les villages du futur en Nivernais Morvan, Tentative de guide de « bonnes » pratiques pour les communes rurales, cet exemple est disponible  sur Internet. Les têtes de chapitre de ce document de 28 pages sont  reproduites en Annexe I.

[7]La part du Colibri est le titre d’un livre de Pierre Rabhi publié en 2011 qui reprend une légende amérindienne. Un terrible incendie ravageait une forêt. Tous les animaux fuyaient. Un colibri, pourtant, prenait des gouttes d’eau dans son bec et les versait sur les flammes. Les autres animaux se moquaient fort de cet effort dérisoire :  « Pourquoi  fais-tu cela ? C’est ridicule. Tu ne vas pas éteindre ce feu ! ». Et le colibri  répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. ». 

[8]La Nièvre a une faible densité de population – 32 habitants au km2  alors que l’ensemble de la France a 116 habitants au km2 – et sur ses 312 communes, seulement deux ont plus de 10.000 habitants: Cosne, 10.500 et Nevers, 37.000. Nevers avait 45.000 habitants en 1975. Toutefois, les deux arrondissements de Nevers et Cosne, correspondant à la vallée de la Loire a l’Est du département, rassemblent plus de 75% de la population nivernaise. Les deux autres arrondissements, Clamecy et Château-Chinon ont respectivement a peu près 26.000 habitants.

[9]D’après les statistiques de l’INSEE, la Nièvre comptait 41 communes de moins de 100 habitants au 1 Janvier 2017.

[10]Les communautés de communes et communautés d’agglomération sont des établissements publics de coopération intercommunale disposant de leurs propres ressources fiscales. Créées par une loi de 1992, ces communautés ont été réorganisées par des lois successives, la dernière, du 7 Aout 2015, « portant nouvelle organisation du territoire de la République », fixe à 15.000 habitants le seuil minimum d’une intercommunalité. Les exceptions sont toutefois nombreuses. Plusieurs des communautés de communes de la Nièvre sont en –dessous de ce seuil. 

[11]Le Pays Nivernais-Morvan couvre la partie Est du département, avec 140 communes et quatre communautés de communes, et environ 51.000  habitants. Ce Pays recouvre aussi l’essentiel du Parc  Régional du Morvan qui est également doté d’une administration. 

[12]Contrairement aux “PETR”, les chambres consulaires sont très anciennes: plusieurs siècles pour les chambres du commerce et de l’Industrie (première chambre du commerce à Marseille en 1599) et bientôt un siècle pour les chambres des métiers et de l’artisanat (loi de 1925).

[13]Pour un résumé de l’histoire du syndicalisme agricole en France, voir l’article de Lisa Gauvrit sur le site de l’Association pour contribuer a l’Amélioration de la Gouvernance de la Terre, de l’Eau et des Ressources Naturelles (AGTER).

[14]La FNSEA, qui a plus de 210.000 adhérents, soit à peu près la moitié des exploitants agricoles,  rassemble, avec JA,  environ 55% des suffrages exprimés aux élections des Chambres d’agriculture ; la Coordination rurale, 15.000 adhérents et 22% des suffrages ; la Confédération paysanne, 10,000 adhérents et un peu moins de 20% des suffrages ; et, le Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF), ?adhérents et  3% des suffrages.

[15]Pour la Chambre d’Agriculture de la Nièvre, les dernières élections  ont donné la répartition suivante des suffrages: FNSEA/JA: 59,86%; Coordination Rurale: 23,46%; Confédération paysanne: 16,48% (deux élus). Le Modef n’a pas d’organisation dans la Nièvre.

[16]Le GAEC, créé en 1962, est une forme de  société civile agricole de personnes par laquelle de 2 à 10 associes mettent en commun des exploitations existantes, des matériels et cheptels ainsi que des compétences ; outre la séparation des patrimoines personnels et professionnel, l’un des principaux avantages du GAEC  est qu’il permet a chaque associé d’être chef d’exploitation travailleur non-salarié bénéficiant du statut d’agriculteur, avec les avantages que ce statut comporte ; il y avait en 2013 (a notre connaissance dernière statistique disponible) 38,000 GAECs pour un total de 450,000 exploitations ; dans la Nièvre, en 2010, 250 GAECs pour 3200 exploitations. Et en France  et dans la Nièvre, l’exploitation individuelle demeure  nettement majoritaire et l’Entreprise agricole à responsabilité limitée (EARL) est aussi plus répandue que le GAEC. Nièvre : 2450 exploitations individuelles, 550 EARL ; toutefois, les EARLs et GAECs qui représentaient dans la Nièvre en 2010  seulement 29% des exploitations, assuraient 56% de la production.

[17]Par une AMAP un ou plusieurs producteurs et un groupe de consommateurs du voisinage se lient par un contrat assurant au producteur un débouché pour ses produits et au consommateur  des aliments sains  et de qualité. Ainsi, selon le site des AMAP, producteurs et consommateurs « participent à la lutte contre les pollutions et les risques de l’agriculture industrielle et favorisent une gestion responsable et partagée des biens communs. » En outre, l’AMAP « aide à la prise de conscience de la relation entre alimentation et santé », stimule et satisfait « le souhait de renouer avec la nature », et développe « le sentiment d’appartenir a un groupe et de percevoir la ferme comme une seconde maison. » L’AMAC, à laquelle participe  l’intervenant est « Les Paniers Solidaires » créée en 2004 par l’Association Solidaire avec les Paysans ; une autre AMAC a été créée dans la Nièvre en 2015 : l’AMAP de Luzy et Compagnie. 

[18]Le SMIC, Salaire minimum de croissance, par un décret du 2 Janvier 1970 a remplacé le SMIG, Salaire minimum interprofessionnel garanti,  qui avait été créé par une loi de 1950. Au 1 Janvier 2017, le SMIC a été fixé a un taux horaire de 9,76 Euros, ce qui correspond, pour 35 heures de travail par semaine, a un montant mensuel de 1480,27 Euros et un montant annuel de 17,763,20 Euros. Toute personne salariée  de plus de 18 ans doit êtrerétribuée au moins à ce niveau. Il est sans doute inutile de préciser qu’un  agriculteur, surtout s’il ne pratique  pas une agriculture de type industriel, travaille beaucoup plus que 35 heures par semaine.

[19]Aujourd’hui, en France métropolitaine, il y a environ 490,000 exploitations agricoles ; ceci représente une diminution de plus de la moitié des exploitations durant les deux dernièresdécennies. Aussi, durant la mêmepériode, le nombre d’exploitations de moins de 50 hectares a baissé des deux-tiers, et le nombre d’exploitations de 100 hectares et plus a augmenté de plus du double, ce qui signifie que les moyennes et grandes exploitations, environ 312,000 en France, représentent près des deux-tiers du total des exploitations et 93% de la Surface Agricole Utile (SAU), soit 25,1 millions d’hectares. Dans la Nièvre, selon la Chambre d’Agriculture, une exploitation agricole disparait tous les deux jours ; il ya moins d’actifs (plus de 27,000 en 1970, environ 8,000 aujourd’hui) avec des structures de plus grandes dimensions : en 1970, un actif exploitait en moyenne 15/17 hectares, et prenait soin de 22/24 bovins ; aujourd’hui, cette même personne active exploite en moyenne plus de 40 hectares et s’occupe d’environ 130 bovins.

[20]Pour réaliser l’objectif d’une agriculture  avec des systèmes de production relocalisés, plus autonomes qu’aujourd’hui et adaptés aux besoins, l’une des mesures que préconise la Confédération paysanne est la mise en place de mécanismes de répartition des productions entre régions et entre producteurs. 

[21]La transmission et l’installation sont l’un des grands problèmes de l’agriculture Française. Alors que la population agricole ne cesse de diminuer et que plus de la moitié des chefs d’exploitation seront en âge de partir à la retraite dans les dix prochaines années, aujourd’hui un départ sur deux voit la ferme disparaitre dans l’agrandissement d’une autre ferme. Pour faciliter la transmission et rendre l’installation plus aisée et plus attractive, y compris à ceux et celles qui ne sont pas issus du milieu agricole, la Confédération Paysanne propose une série de mesures très concrètes regroupées sous huit rubriques, allant d’une meilleure accessibilité des aides à l’installation par la suppression des critères restrictifs, a la mise en place d’une «dotation de carrière» pour éviter l’endettement. 

[22]Cette formation a pris place au Lycée d’Enseignement General et Technologique Agricole de Nevers-Cosne, site de Challuy. Outre l’enseignement agricole, la Nièvre est assez bien pourvu en établissements offrant diverses formations. Elle est seconde dans l’Académie de Dijon, après la Côte d’Or, pour la filière technologique. Le nombre de formations proposés, notamment au niveau du Brevet de Technicien Supérieur, est très élevé. Au nombre d’étudiants, en tout cas pour l’année scolaire 2012-2013, Nevers était la deuxième ville universitaire de la région Bourgogne, après Dijon. Source : site du Conseil Départemental de la Nièvre.

[23]Les bovins sont l’élevage le plus important en France. Voici les chiffres des différents élevages en 2016 : espèce bovine : 19,359,392 ; espèce porcine : 12,734,386 ;espèce ovine : 7,036,809 ;  espèce caprine : 1,258,944 ; espèce chevaline : 407,469 dans les exploitations ; 159,559 hors exploitations ; espèce Gallus (poules, poulets) :240,859 ; puis viennent en nombres beaucoup moins importants canards, dindes, oies, pintades, cailles d’élevage, lapines reproductrices. Pour toutes les espèces ces chiffres pour 2016 représentent une légère baisse en comparaison avec 2015. Source : site d’Agreste, Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Pour la Nièvre, la Chambre d’Agriculture présente ainsi la «ferme Nièvre» : «c’est141,000 vaches, essentiellement charolaises, 65,000 brebis, 3,600 chèvres, 1650 juments, sans compter les volailles, escargots et autre abeilles… »

[24]La valeur vénale moyenne par hectare pour des terres labourables et des prairies naturelles libres à la vente est dans la Nièvre de 3082 Euros en 2017. Cette valeur moyenne est la plus basse dans le Morvan Nivernais, 2170 Euros – et est très voisine dans les autres parties du département : de 3430 Euros dans la Nièvre centrale a 3350 Euros dans la Bourgogne Nivernaise Puisaye. Dans l’ensemble de la France métropolitaine, ces valeurs moyennes de la terre à l’hectare de la Nièvre et de la région Bourgogne sont parmi les plus basses. Source : Le Figaro/Particulier, 5 Septembre 2017.  

[25]Sur une base 100 en 2009, l’indice national des fermages est à 106,28 en 2017, ce qui représente une baisse de 3,02% par rapport a 2016, qui était déjà en baisse par rapport a 2015 ; après avoir baissé en 2010, cet indice a augmenté les cinq années suivantes, entre +1,52% en 2011 et +2,92% en 2015, pour baisser à nouveau ces deux dernières années. Cet indice national des fermages est calculé à hauteur de 60% sur l’évolution  du revenu brut à l’hectare de l’entreprise agricole pour les cinq dernières années(indice 106,02 en 2017 et 111,81 en 2016, toujours sur une base 100 en 2009) et à hauteur de 40% sur l’évolution du niveau général des prix, ou indice de prix intérieur brut, de l’année précédente (indice a 106,67 en 2017 et 106,26 en 2016).Source : site de La France Agricole  commentant l’arrêté paru au Journal officiel du 28 Juillet 2017.q

[26]A cet égard, plusieurs participants remarquèrent que le métier d’ouvrier agricole, en France, connait un certain renouveau. La grande différence avec le passé est que la demande est surtout pour des personnes ayant reçu une formation. En Mars 2018, le site Indeed.fr contenait 342 offres d’emploi d’ouvrier agricole.

[27]La Politique Agricole Commune (PAC), créée par le Traite de Rome en 1957, est la plus ancienne politique commune de l’Union Européenne. Son budget, environ 50 milliards d’Euros, représente un peu moins de 40% du budget de l’U.E.(plus de la moitie il y a seulement dix ans), mais seulement 1% de l’ensemble des dépenses publiques des membres de cette Union. La France, avec environ 9 milliards d’Euros, est le premier bénéficiaire de la PAC. L’Union Européenne ayant accueillie 18 nouveaux membres durant les 30 dernières années, la dépense pour chaque agriculteur européen est beaucoup plus faible qu’a l’époque de l’Europe des Six. La PAC  doit être renégociée en 2020. Pour différentes raisons, dont le « Brexit », tous les scenarios préparés par la Commission prévoient, pour l’instant, une diminution importante du budget de la PAC.

[28]La Nièvre comptait, en 2015, 139 fermes bio (+20% en un an), soit 11,242 hectares (+18% en un an). Il s’agit essentiellement de conversions d’exploitations en conventionnel vers le bio. En 2013, la répartition des 9,120 hectares en bio était la suivante : surfaces toujours en herbe : 4,627 hectares ; cultures fourragères : 2,268 hectares ; céréales : 1,561 hectares ; protéagineux : 172 hectares ; oléagineux : 118 hectares ; vignes : 76 hectares ; légumes frais : 35 hectares ; plantes aromatiques et médicinales : 15 hectares ; légumes secs : 5 hectares. Toujours en 2013, les effectifs animaux en agriculture biologique étaient les suivants : vaches allaitantes :3,140 ; vaches laitières :234 ; brebis viande :714 ; brebis laitières :?;chèvres :112 ; truies :?;poulets de chair :?; poules pondeuses : 1760 ; ruches :1825. Source : Chambre d’Agriculture de la Nièvre.

[29]Il y avait 50131 apiculteurs en  France métropolitaine en 2016; 91,7%d’entre eux, classés apiculteurs familiaux, avaient de 1 à 49 ruches ; 5 %, les apiculteurs pluriactifs, avaient entre 50 et 199 ruches, et, 3,3 %, les apiculteurs professionnels, avaient 200 ruches et plus.Le nombre total de ruches était environ 1,3 million. La production de miel, en déclin depuis plusieurs années, se situait autour de 10,000 tonnes. La demande ne faisant que croitre, l’importation atteignit 30,000 tonnes en 2014. Il est estimé qu’au moins 10 %  du miel importé (les importations de miel viennent essentiellement de Chine, de l’Ukraine, de l’Argentine, de la Hongrie, d’Espagne et d’Italie) est frauduleux, notamment par ajout de sucre ou de sirop de sucre.  Source : Site de l’Union Nationale des Apiculteurs.

[30]Fin 2015 il y avait 600 apiculteurs bio, deux fois plus qu’en 2008 ; plus de 100,000 ruches étaient travaillées en bio, soit 14% du cheptel français d’abeilles ; la production de miel bio concerne surtout les apiculteurs possédant 50 ruches et plus ; cette production  était estimée a 1200/1500 tonnes, soit plus de 10%  de la production totale. En outre, 45% des adhérents au Groupement des Producteurs de Gelée Royale (GPGR) sont certifiés bio.

Dans l’Union Européenne, toujours en 2015, l e nombre de ruches biologique était 791,000, essentiellement en Italie, Bulgarie, France et Roumanie. Source : Site de la Fédération Nationale de l’Apiculture Biologique (FNAB).

[31]Source: site de l’Union Nationale des Apiculteurs.

[32]Source: site d’Agriculture et Territoires, Chambre d’Agriculture Provence Cote d’Azur.

[33]Source: site de La Revue des Vins de France.

[34]Source: site Portail de la Bio en Bourgogne

[35]La valeur vénale des vignes est en augmentation en France depuis plusieurs années. En 2015, dernières statistiques disponibles à ce jour, le prix moyen d’un hectare de vigne s’établissait à 248,600 Euros en  Bourgogne/Franche Comte. En Côte d’Or, ce prix moyen était de 594,400 Euros, soit un triplement depuis 2000. Pour un Grand Cru, toujours en Côte d’Or, 4,785,000 Euros était la moyenne, avec un maximum a 11.000.000  d’Euros. Loin de ces prix, qui, en partie, reflètent des achats spéculatifs, la Nièvre était néanmoins en 2015 au huitième rang national pour le prix moyen de ses vignes, grâce au Pouilly-Fumé  dont la valeur moyenne était 150,000 Euros l’hectare, avec un maximum a 170,000 Euros. Les vignes des Coteaux Giennois valaient 16,000 Euros l’hectare. A titre de comparaison, il est intéressant de noter que dans la Nièvre la valeur moyenne à l’hectare des terres et prés  libres se situait entre 2220 Euros dans le Morvan et 3450 Euros dans la partie centrale du département. En Bourgogne, ce prix moyen était 3160 Euros, l’un des plus faibles de France ou, toujours en 2015, la moyenne atteignait 6010 Euros.  En 2000, ces prix moyens étaient 2410 Euros en Bourgogne et 3480 en France. Source : site Agreste Bourgogne/Franche Comte, Ministère de l’Agriculture, de l’Agro-Alimentaire et de la Forêt.

[36]Source: site de la Maison Départementale de l’Emploi et de la Formation de la Nièvre, La Filière Bois dans la Nièvre.

[37]Dans l’ancienne Allemagne de l’Est, les fermes qui étaient collectives et de type « kolkhozes » sont pour la plupart maintenant  possédées par les industries agro-alimentaires. 

[38]Ces données chiffrées sont tirées du site du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, alim’agri, Panorama de l’Agriculture Allemande (2016) et du site Geopolis-Franceinfo, l’Allemagne Géant Agricole (2015).

[39]Source: site de L’USINENOUVELLE, Marché bio, le Paradoxe Allemand, 21/02/2017.

[40]La source des données chiffrées est le site du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, , alim’agri, Production et Filières, Pays-Bas, Aout 2016

[41]A cet Article 104 a été ajouté, suite à une votation populaire du 24 Septembre 2017, l’Article 104a qui traite de la Sécurité Alimentaire ; sont mentionnés, en particulier, la « préservation des terres agricoles » et des « relations commerciales transfrontalières qui contribuent au développement durable de l’agriculture et du secteur agro-alimentaire.

[42]Source: site de Agriculture biologique, AGRIDEA et site de Naturaplan, Coop.

[43]Source: site de Euractiv.fr, article du Journal de l’Environnement, 25 Janvier 2018.

[44]L’agriculture est le seul secteur de l’économie américaine qui présente régulièrement une balance commerciale positive. 

[45]En outre, une hormone de croissance transgénique bovine est utilisée par les éleveurs. 

[46]L’exemple fut citée d’une ferme Amish dans l’Ohio qui , respectueuse de ses traditions et a l’écoute de la demande croissante pour les produits naturels, se procure un revenu très substantiel avec son troupeau de vaches laitières nourries uniquement a l’herbe. Il se trouve aussi que le chef de cette ferme et famille Amish, David Kline, a publié un remarquable petit livre intitulee Great Possessions, The Journal of an Amish Farmerintitule. L’exemple fut également cité par la même personne, d’une ferme biodynamique dans le New-Hampshire, the Wilton Community Farm, qui est la plus ancienne de ce type aux Etats-Unis, et dont la réussite, aussi bien humaine qu’économique, est exemplaire. Le label Demeter est pour les produits issus de l’agriculture biodynamique et regroupe 5000 producteurs, grossistes et transformateurs, pour une superficie de 150,000 hectares dans 45 pays, les principaux etant l’Allemagne et la Suisse.  

[47]En 2012, les Etats-Unis et l’Union Européenne ont signé un accord d’équivalence  entre leurs logos respectifs: logo vert et USDA.

[48]Source: divers sites sur l’agriculture bio aux Etats-Unis, dont celui de l’Institut Cornucopia.

[49]Le 25 Avril 2017 l’administration Trump a émis un “Presidential Executive Order” intitulé “Promoting Rural Prosperity in America” et créant une “task-force” dont le mandat est en particulier le suivant : « …to ensure that regulatory burdens do not unnecesseraly encumber agricultural production. »

[50]Titre de l’ouvrage de Jean-Francois Gravier, géographe, publiee en 1947, qui a eu un énorme succès et retentissement.

[51]L’Ile de France concentre près de 20% de la population française et près de 30% du produit intérieur brut (PIB; en Allemagne, par exemple, Berlin compte pour 4% de la population allemande et 3% du PIB. Source : INSEE, 2012.

[52]En Allemagne, 99% des entreprises sont des PME (en Allemand, les Mittlestand) définies comme celles ayant moins de 500 salariés (en France, moins de 250 salariés); elles réalisent 39% du chiffre d’affaires global des entreprises et emploient 14 millions de salariés, soit 61% de la population active, et 1,500.000 apprentis ; 95% d’entre elles sont des sociétés familiales. Voici le jugement porté sur ces entreprises par une chercheuse au Centre d’Information et de Recherches sur l’Allemagne Contemporaine (CIRAC) : « Impossible à quantifier, la notion de Mittlestanddes lors se résume a un système de valeurs particulièrement vivace et dont les petites et moyennes entreprises sont le porteur par excellence :autonomie entrepreneuriale, sens des responsabilités individuelles et collectives, gout de la performance, amour du travail bien fait, respect de la parole donnée, engagement dans le présent et l’avenir (….) implication active dans la prospérité de leur « terroir » ou dans les organisations représentant leurs intérêts vis-à-vis du monde politique, mais leur préoccupation première reste l’épanouissement de leurs salariés, ces derniers étant appelés collaborateurs. » Notons aussi qu’en Allemagne toute entreprise de plus de 5 salariés est tenue de pratiquer une forme élaborée de cogestion ; les « collaborateurs » sont co-responsables de la marche des affaires. Source : PME allemandes :les clés de la performance, Introduction de l’ouvrage sous la direction d’Isabelle Bourgeois (2010), cité sur le site Les Echos, Fr, Archives, 28/1/2011. La source des chiffres donnés au début de cette note est le site de l’Express Entreprise, Allemagne :les 10 clés du succès des entreprises familiales, 19/2/2014.

[53]Ces cinq régions sont l’Ile de France (26% des emplois),Rhône-Alpes (10%), Provence Côte d’Azur (7%), Pays de la Loire (6%), et Nord-Pas de Calais (6%). Source : site de l’INSEE, Répartition géographique des entreprises, 2016. 

[54]En France, depuis 2008, l’INSEE distingue quatre catégories d’entreprises: (1)les grandes entreprises (GE): au moins 5000 personnes, chiffre d’affaires annuel d’au moins 1,5 milliard d’Euros par an ; elles sont au nombre de 274 et emploient 4,3 millions de personnes, soit 29% des salariés ; (2)les entreprises de taille intermédiaire (ETI) :moins de 5000 personnes, chiffre d’affaires inferieur a 1,5 milliard d’Euros ; on en compte 5300 et elles emploient 24% des salariés ;(3) les petites et moyennes entreprises (PME) : moins de 250 personnes, chiffre d’affaires inferieur a 50 millions d’Euros ; elles sont 138,000 et emploient 28% des salariés ; et (4) les microentreprises (MiC) : moins de 10 personnes, chiffre d’affaires inferieur a 2 millions d’Euros ; leur nombre est 3,61 millions, pour 19% des salariés. Source : site de l’INSEE, Tableaux de l’Economie Française, Edition 2017, Catégories d’Entreprises.  

[55]Source: site de l’INSEE, Les entreprises en France, 2016.

[56]Le nombre d’habitants au kilomètre carre est 117 en France, 226 en Allemagne, 200 en Suisse, 206 en Italie, 266 au Royaume Uni, 376 en Belgique, 411 aux Pays Bas. Source : site de IndexMundi, Densité de population par pays, 2017.  

[57]Le dernier gouvernement du quinquennat précédent, avant les élections présidentielles de Mai 2017, avait un Ministère de l’Aménagement du Territoire, de la Ruralité et des Collectivités Territoriales, Le gouvernement actuel (Mars 2018) à un Ministère de la Cohésion des Territoires. Le terme « ruralité » n’apparait pas dans le décret qui a fixé ses attributions. Mais on peut lire dans ce décret que le Ministre « élabore et met en œuvre la politique du Gouvernement en matière de développement et d’aménagement équilibré de l’ensemble du territoire national et de solidarité entre les territoires». Son action est fondée sur « l’égalité entre les citoyens et entre les territoires (…) En particulier il définit et met en œuvre avec l’ensemble des ministres compétents le politique du Gouvernement en faveur du développement et de la mise en valeur des territoires et espaces ruraux, de montagne et littoraux. » Un accent particulier est mis sur « l’accès au numérique».

[58]D’abord encouragée à partir de 1968, la fusion des petites localités ou leur association dans des administrations intercommunales a été rendue obligatoire en 1974, si bien que le nombre de communes en Allemagne de l’Ouest fut réduit de 65% entre 1968 et 1980, passant ainsi de 24,417 a 8500 communes. Source : La définition de l’espace rural dans le cadre des politiques d’aménagement du territoire en Allemagne, par Samuel Depraz, dans l’ouvrage collectif intitulé Réinventer les campagnes allemandes, sous la direction de Guillaume Lacquement, Karl Martin Born et Beatrice von Hirshhausen ; site de ENS éditions, ENS de Lyon.

[59]France: 45,5 % du PIB; Suède: 43,3% du PIB; et, entre 2005 et 2015, la France est passée de 42,8 % à 45,5% tandis que la Suède connaissait l’évolution inverse, de 46,6% à 43,3%. Source: site de Toute l’Europe, Comprendre l’Europe, Les Impôts en Europe. 

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