REUNION OUGNY/LE VIGNOT, 9-10 JUILLET 2009
SUJET : REVOIR L’IDEE DE « BESOINS MATERIELS ET SPIRITUELS DES INDIVIDUS ET DES SOCIETES »
ORDRE DU JOUR
Contexte
Le Sommet Mondial pour le Développement Social, conférence organisée en 1995 par les Nations Unies et à laquelle avaient participé un grand nombre de chefs d’Etat et de Gouvernement, a adopté une Déclaration par laquelle ; entre autres engagements, les gouvernements promettaient de prendre mieux en compte « les besoins matériels et spirituels des individus, de leurs familles et des communautés dans lesquelles ils vivent. » Cet engagement, qui était aussi une exhortation, s’insérait dans un texte riche en notations de nature morale et reflétant une vision holistique du développement des sociétés. Il y avait là, dans l’histoire des Nations Unies, une rupture d’une tradition prudente et neutre politiquement s’exprimant dans un langage volontiers technocratique. Comme le séminaire préparatoire au Sommet consacre aux « Dimensions éthiques et spirituelles du développement social » avait eu une certaine responsabilité dans ces orientations du texte final, les participants à ce séminaire décidèrent de fonder le Cercle Triglav pour continuer à travailler sur l’enrichissement du discours publique et international en matière de développement.
Dans le cadre des Nations Unies, ce sommet de Copenhague fut rapidement oublié et remplacé par les « Millennium Development Goals ». Prendre mieux en compte les « besoins matériels » de l’humanité devint réduire l’extrême pauvreté dans les pays du Sud. Les nombreuses recommandations du sommet en matière de politique économique et sociale, y compris la mise en œuvre ou le maintien d’une fiscalité progressive et la lutte contre la corruption, disparurent de l’agenda international. L’atmosphère de laissez-faire accompagnant le triomphe du néo-libéralisme à l’aube du 21 eme siècle, ne laissait aucune place aux politiques de redistribution ou même simplement aux politiques correctrices des effets des « lois » du « Marché ». Le remarquable et rapide accroissement des différentes formes d’inégalité qui fut et demeure l’un des résultats de ce laissez-faire était et continu d’être vu comme un aspect normal du jeu des « forces du marché. »
Quant aux « besoins spirituels » d’individus traités avant tout comme des consommateurs et des producteurs, et de sociétés assimilées a des marchés, ils furent relégués à la sphère privée et au domaine du religieux. Il convient d’ailleurs de remarquer que l’unité responsable du suivi du Sommet au sein du Secrétariat des Nations Unies, unité aux faibles moyens et qui luttait à contre-courant pour maintenir en vie le texte de Copenhague, ne tentât jamais de définir ces besoins spirituels et d’indiquer les conditions, notamment politiques et administratives, nécessaires a leur prise en compte par des institutions publiques, nationales et internationales. Tout se passa comme si l’esprit qui avait conduit à la préparation et à la tenue de ce Sommet Social avait été d’une nature tout à fait exceptionnelle, résultant de l’improbable rencontre de circonstances et de personnalités, et qu’il ne saurait être question de prolonger ce « miracle » ou, pour d’autres, cette « aberration. » Apres cet épisode, tous les principaux acteurs sur la scène internationale se montrèrent très soucieux de revenir à des pratiques et à un langage plus familiers. Seulement quelques organisations non-gouvernementales, dont le Cercle Triglav, créé pour cela, tentèrent de continuer a réfléchir sur ces questions de spiritualité et d’éthique dans un monde vu comme largement sécularisé.
Cependant, en Septembre 2008, quand la présidence de l’Assemblée Générale des Nations Unies revint au prêtre et ancien Ministre des Affaires Etrangères du Nicaragua Miguel d’Escoto, des références au texte de Copenhague réapparurent et le langage du bien commun et de ses exigences intellectuelles et morales fut entendu à nouveau sur les bords de l’East River. Mais il n’y a guère d’évidence que ce ne soit pas la une nouvelle « aberration » destinée à être rapidement enterrée par la culture diplomatique et les esprits « réalistes ».
C’est cette « petite histoire » qu’il est proposé de « revisiter » par l’intermédiaire de trois thèmes de réflexion :
- Que sont ces « besoins spirituels » des individus et des sociétés ?
- En quelle façon les institutions et pouvoirs publics sont et pourraient-être concernes par ces besoins ?
- Quelles pourraient-être les dimensions spirituelles d’une communauté internationale harmonieuse ?
Premier Thème :Que sont ces besoins spirituels des individus et des sociétés ?
Parmi les questions pertinentes :
- Quel sont les présupposés philosophiques permettant la distinction entre le « matériel » et le « spirituel » ? Dans quelle mesure cette distinction est-elle le produit des aspects dualistes de la philosophie Occidentale traditionnelle ? Y-a-t ’il une sorte de royaume spirituel identifiable, ou le spirituel est-il une « dimension » de tous êtres et de l’univers ?
- Quelles sont les raisons, et les justifications, qui permettent d’attacher le concept de besoin au spirituel ? Qui y-a-t ’il de commun entre des « besoins » matériels et des « besoins »spirituels ? Ces divers « besoins » sont-ils en opposition ? Est-il possible de faire une « liste » des besoins spirituels ? Ou bien, la spiritualité est-elle une quête de sens, une recherche d’absolu, un désir de transcendance, défiant toute catégorisation et toute définition ? Et, s’il en est ainsi, comment la spiritualité pourrait-elle être autre chose qu’une aventure individuelle ?
- Quelles sont les relations entre spiritualité et rationalité ? Le spirituel fait-il appel a des formes non-rationnelles ou supra-rationnelles d’accès au savoir ?Dans quelles conditions serait-il possible de créer, ou recréer une continuité entre savoir, spiritualité et sagesse ?
- L’amour est-il l’essence et la nécessaire manifestation de la spiritualité ? Comment serait-il possible de présenter cette idée de façon convaincante et opérationnelle dans un forum politique ?
Deuxième Thème :De quelle manière les pouvoirs publics sont-ils impliques dans la question des besoins spirituels ?
Parmi les questions pertinentes :
- Sachant qu’il y a beaucoup de « mauvaises » raisons pour que des gouvernements s’impliquent dans les questions spirituelles- les régimes autoritaires, totalitaires et théocratiques sont manifestement très soucieux de contrôler les cœurs et les âmes de leurs citoyens – quelles peuvent etre les « bonnes » raisons pour une telle implication ?
- Dans la tradition libérale classique, le rôle des gouvernements est de promouvoir et protéger la liberté des citoyens- y compris la liberté de création artistique et la liberté de conscience, c’est-à-dire la libertés de poursuivre des activités spirituelles et/ou religieuses de son choix. Ces mêmes gouvernements sont supposés ne pas intervenir dans la vie des gouvernés. Que peut-on dire de cette tradition et de ses mérites et désavantages dans les circonstances actuelles ?
- Même dans les démocraties libérales, les autorités publiques ont traditionnellement joué un rôle important dans l’éducation. Si le lien entre savoir, spiritualité et sagesse doit être cultivé, quelle politique concernant l’éducation devrait etre poursuivie ?
- Que peut-on dire du rôle des gouvernements vis-à-vis de l’art et de la beauté ?
Troisième Thème :Quelle pourrait être la dimension spirituelle de la construction d’une communauté internationale harmonieuse ?
Parmi les questions pertinentes :
- Une relation différente entre l’homme et la nature est cours d’élaboration, par un processus certes lent et difficile mais dont la direction semble inéluctable. Doit-on chercher dans cette relation plus respectueuse entre les sociétés humaine et leur environnement la base, ou la possibilité d’une forme renouvelée de spiritualité ?
- Fréquent est le sentiment que plusieurs siècles de domination de la mentalité et rationalité scientifique et technique dans la plupart des domaines de la vie sociale – domination qui s’est manifestée d’abord dans l’Occident puis dans le monde entier- ont créé une culture sans âme ou l’être humain devient inutile et redondant. Il s’ensuit que le monde devrait être ré-enchanté. Quels pourraient être les contours de ce ré-enchantement ?
- La crise écologique et la crise du capitalisme global –qui sont liées- paraissent légitimer avec force la recherche de styles de vie plus simples. Les aspirations et les modèles de ce qui constitue une vie agréable, réussie et heureuse devraient donc être modifies. Est-ce que la recherche et le renouveau de formes ascétiques de spiritualité pourraient en résulter ?
- Est-ce que les organisations internationales ont un rôle spirituel à jouer ?
Emploi du temps
Mercredi 8 Juillet : Diner d’accueil a Ougny
Jeudi 9 Juillet :
9.30 : Ouverture et introductions
10.00 Premier thème ; tour de table et débat général
11.00 ; Pause
11.15 : Continuation du débat sur le premier thème
13’00 : Déjeuner
14 .30 : Deuxième thème. Introductions et débat général
16.30 : Pause
16.45 : Continuation du débat sur le thème 2
18.30 : Fin de la session
19.30 : Diner
Vendredi 10 Juillet
9.30 : Troisième thème ; introductions et débat
11.00 : Pause
11.15 : Continuation des débats sur le troisième thème
13.00 : Déjeuner
14.00 : Tour de table pour remarques d’ensemble
16.00 : Clôture de la réunion