REUNION DU CERCLE TRIGLAV
OUGNY, 30 Juin-1 juillet 2007
LAICITE, ETHIQUE ET POLITIQUE
ORDRE DU JOUR ET PROGRAMME DE TRAVAIL
Trois thèmes sont proposes pour ce débat :
Premier Thème : Est-ce que les democracies libérales, adeptes de différentes formes de sécularisation et de laicite, devraient redéfinir leurs rapports avec la religion et/ou avec le domaine spirituel ?
Parmi les questions pertinentes :
- Comment les nations démocratiques devraient réagir a la récente résurgence de l’Etat-Nation théocratique/
- Dans les democracies libérales, les Eglises ne menacent plus le pouvoir de l’Etat et voient le nombre de leurs fidèles diminuer. Des lors, quelles raisons ont ces régimes de s’interroger sur les mérites de la laicite ?
- Est-ce que les democracies occidentales se livrent à ces interrogations simplement a cause du poids croissant de l’Islam dans leurs sociétés ?
- Que signifient aujourd’hui les concepts de tolérance et de neutralité en matière religieuse ? Par exemple, l’Etat d’une democracie libérale devrait-il faciliter la construction ou l’entretien des églises ou des mosquées, ou devrait-il laisser ces taches au domaine prive ?
- Qu’est-ce que la liberté religieuse dans le monde contemporain ?
- S’il est vrai que les democracies libérales souffrent d’avoir néglige le domaine spirituel des êtres et des sociétés, que conviendrait-il de faire pour porter remède a cette situation ?
Deuxième Thème : Qu’en est-il des relations apparemment troublées que la laicite entretient avec l’éthique et la morale ?
Parmi les questions pertinentes :
- Le libéralisme, rejetant la loi divine et la révélation, a fonde la morale sur la loi naturelle et, plus généralement, sur l’utilitarisme. L’idée d’obligation, pourtant partagée par la loi divine et la loi naturelle, a néanmoins perdu beaucoup de son contenu moral. En outre, l’utilitarisme parait mener au relativisme moral et a une culture de l’expédiant quand, pour utiliser le langage de Durkheim, le « culte de l’individuel » degenere en « culte du moi », ou égotisme. Dans ce contexte, ou la laicite et le libéralisme devraient-ils trouver leurs bases morales ?
- Est-ce que l’instrumentalisation de la Raison et de l’Ethique, observables dans les sociétés contemporaines, est imputable a la tendance qu’aurait une modernité triomphante a négliger les diverses et fécondes sources de connaissance qui sont a la disposition de l’humanité ? Se pourrait-il que l’accent mis sur la preuve expérimentale ait entraîne l’abandon de la connaissance mystique, de l’intuition, de l’esthétique et de l’affectivité comme moyens de saisir la complexité du monde et d’éclairer la raison ?La modernité a-t-elle mutile et la Raison et l’Ethique ?
- Prenant la même question sous un autre angle, est-ce que les problèmes de la modernité avec l’éthique seraient dus à l’oubli du fait que les affaires humaines sont règles par des ordres distincts et complémentaires ? Pascal, notamment, distingue « l’ordre du corps », « l’ordre de l’esprit » ou de la raison, et « l’ordre du cœur », ou de la charité. Chacun de ces ordres est indispensable et a ses limites propres. L’éthique demande leur interaction. Y aurait-il la un moyen utile d’analyse des formes contemporaines de la modernité ?
- Alors que l’éthique est devenue triviale et alors que le discours moral est monopolise par des forces réactionnaires ou répressives, peut-être serait-il utile de revenir à des textes fondateurs. Outre Pascal et ses Pensées, Spinoza et son Ethique offre un tel texte. Pour Spinoza, l’Ethique remplace la Morale. L’Ethique n’est pas concernee par le jugement moral, ou par la distinction entre le Bien et le Mal, mais se préoccupe du bon et du mauvais en tant que « différences qualitatives dans les modes d’existence » ( Deleuze, dans son Spinoza et sa Philosophie Pratique). Le bien apporte la joie, le mauvais est source de tristesse. « La joie est le passage d’un être d’une moindre à une plus grande perfection. La tristesse est le passage du même être humain d’une plus grande a une moindre perfection. » (L’Ethique, Livre III). Est-ce que les problèmes rencontres aujourd’hui par la laicite, le libéralisme et la modernité devraient être revisites avec l’aide de l’esprit des lumières ?
Troisième Thème : La Politique devrait être conçue comme un art et pratiquée comme un service a l’humanité. Quelles idées devraient être greffées sur les doctrines et pratiques laïques, libérales et démocratiques afin de faire quelques pas en direction de cet idéal ?
Parmi les questions pertinentes :
- Faudrait-il renouveler et rajeunir l’idée de Progrès, notamment en la débarrassant des reliques de scientisme et de positivisme dont elle est affublée ? Si le progrès individuel et le progrès social étaient de nouveau conçus comme possibles et désirables, les democracie libérales et les social-démocraties trouveraient-elles la une utopie mobilisatrice ?
- Aujourd’hui, la science, la technologie et l’économie (souvent réduite a une chrématistique) dominent le politique et la politique. Pourtant, en elle-même, la richesse et la prospérité ne créent pas nécessairement des sociétés humaines et des civilisations attrayantes. Les consommateurs ne deviennent pas automatiquement des citoyens. La democracie exige l’éducation civique et un espace public ou les idées et les projets puissent s’affronter. Or, la domination des marches tend à transformer les democracie en ploutocraties. La mondialisation faite de la politique une simple annexe des transactions commerciales et financières. Et cette domination de la marchandise et de l’argent va de pair avec une destruction de l’environnement, des nationalismes agressifs et des violations fréquentes des droits de l’homme. Sous quelles conditions le politique pourrait-il être oriente vers la construction d’une communauté mondiale plurielle et harmonieuse ?
- Le politique et la politique, disait Max Weber, doivent être orientes et animes par une « éthique de conviction » plutôt que par une « éthique de responsabilité ». Cette dernière est centree sur les finalités de l’action humaine et sur les devoirs de l’Homme à l’égard du Bien. La personne de conviction est impatiente à l’égard des imperfections et des contraintes. La personne responsable sait que le médiocre et l’ambigu et l’ambivalent dans la nature humaine et dans l’action peuvent donner des résultats moralement acceptables et utiles à la condition humaine. Pourtant, il semblerait que la poursuite d’un idéal et le dévouement à la chose publique réclame des convictions. Que dire de la tension, ou dialectique, entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité dans le monde contemporain ? Comment réconcilier l’exercice du pouvoir et la pratique de la sagesse ?
Programme de Travail
Vendredi 29 Juin : 20 h 30 : Réception/Dîner
Samedi 30 Juin
9.30 : Ouverture de la réunion
10.00 : Débat sur le Thème 1
11.15 : Pause
11.30 : Continuation des débats sur le Thème 1
13.00 : Déjeuner
14.30 : Débat sur le Thème 2
16.15 : Pause
18.00 : Fin de la session
18.30 : Réception a Cuy
20.30 : Dîner a Corbigny
Dimanche 1 Juillet
9.00 : Messe a l’Eglise d’Ougny
10.00: Debat sur le Theme 3
11.30 : Pause
11.45 : Continuation des debats sur le Theme 3
13.00 : Dejeuner
14.30 : Discussion generale sur l’ensemble du sujet
16.30 : Cloture de la reunion