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Ougny, 2008 L’Idée de Progrès et son Utilité Aujourd’hui – Ordre du jour

CERCLE TRIGLAV

REUNION DES 9 ET 10 JUILLET 2008, OUGNY

 L’Idee de Progrès et son Utilité Aujourd’hui

            ORDRE DU JOUR ET PROGRAMME DE TRAVAIL

La raison d’être de ce Cercle Triglav, crée quand l’Organisation des Nations Unies jouait par ses conférences mondiales le rôle d’une assemblée globale des gouvernements et des peuples, est de contribuer à l’édification d’une véritable communauté internationale. Les diverses questions débattues par le Cercle depuis sa création il y a une douzaine d’années se rattachent peu ou prou a ce thème central de la recherche d’un ordre mondial suffisamment harmonieux et suffisamment juste pour permettre l’épanouissement des personnes et la coopération des nations. Le sujet d’une récente réunion Triglav en Californie fut The Cosmopolitan Ideal : Content and Actors.Le rapport de cette réunion est disponible.

L’idée de progrès a été évoquée lors de cette réunion en Californie et aussi lors d’une brève réunion a Boston début Mai. La présente rencontre à Ougny est l’occasion d’un débat plus approfondi sur cette notion de progrès et sa signification dans la culture contemporaine.

Outre ce point central de l’ordre du jour, il est propose d’aborder deux questions. La première est l’examen de l’idée de rassembler dans une publication les diverses observations faites durant les réunions Triglav sur cette recherche d’un ordre mondial harmonieux. La seconde est d’examiner ensemble l’idée d’organiser régulièrement dans cette région de la Nièvre des « séminaires/retraites Triglaviens » d’une semaine.

L’idée de progrès et sa pertinence pour le 21eme siècle

La philosophie et l’esprit des Lumières reposaient sur la conviction que par l’usage de la Raison l’Homme serait capable de se libérer des diverses formes d’ignorance, d’obscurantisme et d’oppression qui l’enchaînaient depuis des temps immémoriaux. A l’horizon des progrès de la Raison  seraient sinon une parfaite sagesse mais a tout le moins la paix, la prospérité et le bonheur des individus. C’est de cette vision dont sont sortis le libéralisme et ses régimes politiques fondes sur les Droits de l’Homme et l’égalité des citoyens. 

Il serait absurde de nier ou de minimiser les extraordinaires améliorations à la condition humaine apportées par la mise en pratique de l’idée de progrès dans de nombreux et vastes domaines de la connaissance et de l’action. Il y a les conquêtes de la science et les prodigieux développements technologiques, et il y a, surtout, la propagation de la notion de liberté individuelle et la preuve administrée par un nombre non négligeable de régimes politiques au cours des deux derniers siècles qu’il est possible d’avoir des sociétés dynamiques et ordonnées tout en étant respectueuses des droits et libertés fondamentales. 

Néanmoins, il est malheureusement tout aussi vrai que l’idée de progrès a au cours du 20eme siècle, et sous l’influence du scientisme, du positivisme et de certaines théories racistes, pris des voies irrationnelles et destructrices. La science a montre un visage sinistre et a oublie ses racines humanistes avec la bombe atomique et les manipulations génétiques. Le progrès social, d’abord chante par de généreux socialistes utopiques, de courageux syndicalistes et des partis politiques soucieux des droits et de la dignité des classes sociales laborieuses, a été approprie par les dictatures fascistes et communistes. Le progrès moral, a lui aussi perdu son optimisme humaniste et a été absorbe par des doctrines et des organisations ayant peu d’estime pour la liberté et l’autonomie de la personne. Enfin, la notion de progrès, ainsi que son héritière qui est la notion de développement, se sont trouvées progressivement identifiées et réduites à la notion et au projet d’amélioration continu des conditions matérielles d’existence.

Faut-il voir dans cette évolution la preuve d’un certain réalisme, ou l’évidence d’un dangereux appauvrissement de l’humanité ? Une politique et une civilisation animées seulement par ce projet d’amélioration des niveaux de vie sont-elles en mesure de faire face aux formidables défis avec lesquels l’humanité est aujourd’hui confrontee ? Peut-on lire dans l’esprit du temps les signes qu’un renouveau de l’idée de progrès est en train de se manifester ?

Pour aborder ces vastes questions et structurer le débat, trois thèmes sont proposes :

  • Quelle est la place de l’idée de progrès dans la culture contemporaine ?
  • L’idée de progrès et l’évolution de la democracie libérale
  • L’idée de progrès et l’utopie réaliste d’une Société des Peuples

Thème 1 : Quelle est la place de l’idée de progrès dans la culture contemporaine ?

  • Où en est-on en ce qui concerne la distinction entre le changement et le progrès ?
  • Quelle est la conception « populaire », ou « commune » du progrès ? Quelle est la signification aujourd’hui de l’expression « on n’arrête pas le progrès « ? Est-ce que les pauvres et les riches – personnes, classes sociales, pays et régions- ont des conceptions différentes du progrès, de son contenu, de sa réalité, de son avenir ?
  • Dans quels milieux intellectuels, académiques ou religieux l’idée de progrès est-elle vivante ? Y a t il des organisations de la société civile, notamment des ONGs qui portent cette idée de progrès ?
  • Traditionnellement, au moins dans les sociétés de l’Occident, les intellectuels ont eu tendance a critiquer les changement apportes par l’évolution de la science et de la technologie et par le jeu de ce que l’on peut appeler les mécanismes du marche. Ils ont souvent vu « décadence » et « aliénation » dans ce qui était vécu comme progrès par les « masses ». Qu’en est il aujourd’hui de ce divorce ?
  • Que signifient aujourd’hui les expressions « progrès moral ». « progrès éthique », ou encore « progrès spirituel » ?
  • Que peut-on dire de la remarque très classique qu’il y a toujours un fosse, un écart, un divorce entre d’une part le « progrès scientifique et technique accompli par une société et d’autre part le « progrès » moral de cette même société ?

Thème 2 : Idée de progrès et évolution de la democracie libérale

  • L’expression « progrès social » a disparu du langage des Nations Unies. Comment faut-il interpréter ce changement ? Qu’adviendra-t-il à la democracie libérale si le progrès social est considère comme une idée désuète et est remplacée par un projet de croissance économique qui est lui-meme de moins en moins crédible ?
  • Est-ce que les signes du temps- notamment l’accroissement des inégalités, les collusions entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers, l’affaiblissement des pouvoirs législatifs et des parlements et le renforcement des pouvoirs exécutifs, le manque de participation des citoyens aux prises de décision – doivent être lus comme annonciateurs d’une crise de l’idéal démocratique et libéral ?
  • L’humanisme lui-meme peut-il survivre à la mort de l’idée de progrès ? Le renouveau des religions est-il lie à cette mort de l’idée de progrès ?
  • Et puis, il y a d’autres signes du temps, par exemple une autre relation avec la Nature, la recherche de modes de vie plus simples et plus équilibres, la réhabilitation de l’idée de stabilité, l’intérêt croissant pour diverses formes de spiritualité, le développement de formes renouvelées de solidarité avec les faibles et les pauvres. Ces signes du temps, qui vont a l’inverse de ceux qui ont été mentionnes plus haut, annoncent-ils l’avènement d’une nouvelle culture et d’une nouvelle civilisation libérées des « illusions du progrès » et d’une confiance excessive en des formes instrumentalisées de la Raison ? Une nouvelle sagesse est-elle en gestation ? Et, avec cette sagesse, des idées et institutions politiques renouvelées vont-elles aussi apparaître ?

Thème 3 : L’idée de progrès et l’utopie réaliste d’une Société des Peuples

  • Ces expressions, « utopie réaliste » et « société des peuples » viennent du petit livre La Loi des Peuples que John Rawls a écrit comme une sorte de coda a son maître ouvrageUne Théorie de la Justice. «  Une philosophie politique est utopique de façon réaliste quand elle recule les limites de ce qui est normalement considère comme politiquement possible et pratique et donc quand elle nous réconcilie avec notre condition politique et sociale. Notre espoir dans l’avenir de notre société repose sur la croyance que l’ordre mondial permettra que des democracie raisonnablement justes existent en tant que membres d’une société des peuples qui serait elle aussi raisonnablement juste » (texte Anglais, page 11).
  • La juxtaposition par Rawls des adjectifs « réaliste » et « raisonnable » avec le nom « utopie » est inhabituelle. Dans quelles conditions une utopie « réaliste » pourrait avoir une force mobilisatrice suffisante pour stimuler les mouvements politiques nécessaires à la création d’une « société des peuples » ? Rawls manifeste, dans la lignée Kantienne, une foi admirable dans le pouvoir de la Raison. Ceci est d’autant plus frappant quand on réalise combien la violence et l’irrationnel ont envahi notre monde. Cette foi est-elle crédible et suffisante ? D’où viendront la passion et l’enthousiasme nécessaires à la construction d’une « société des peuples »?
  • Comment les « ressources spirituelles » et les « différentes sources de connaissance » souvent évoquées dans les conversations de ce Cercle pourraient-elles être mises en œuvre pour créer le momentum nécessaire a cette construction d’une « société des peuples » ? Il y a des éléments de la société civile globale qui sont engages dans cette tache. Comment expliquer des lors le manque de visibilité de leurs efforts ? Est-ce que les contours de « l’utopie réaliste » resteraient trop imprécis ?
  • Quel devrait être le rôle de l’art dans la construction et la gestion d’une véritable communauté mondiale ? Il est instructif à cet égard de lire la correspondance échangée par Dag Hammarskjold et Barbara Hepworth. Ils parlent de la « vision englobante » qui doit montrer la beauté du monde et l’esprit de l’humanité et qui doit être le fruit d’une « union de l’intellect et de l’imagination ». Ils parlent de la lutte entre le « chaos » et un « ordre humain créatif ». Il disent qu’une création artistique « nettoie l’âme » et « renforce la volonté », et nous rappelle constamment du devoir que nous avons « d’accomplir de grandes choses dans tous les domaines de notre action ». 
  • Outre la justice et le respect pour les droits de l’homme, Rawls voit un « pluralisme raisonnable » comme l’un des éléments constitutifs d’une société des peuples. Lors d’une réunion Triglav en Californie en Mars de cette année la notion « d’égalité des cultures » a été évoque (voir le rapport en Anglais, pages 10 et 11). Il y a une grande différence entre « égalité des cultures » et « pluralisme raisonnable ». Les réflexions sur les formes « épaisses et minces » de la moralité et sur la notion de vérité faites l’année dernière lors de la réunion de Triglav a Ougny sont pertinentes a cet égard (voir rapport en Anglais, notamment la partie III). Le pluralisme dans une véritable communauté mondiale est une question qui mérite d’être poursuivie.
  • La recherche d’un idéal cosmopolite, ou d’une utopie réaliste, n’est pas un luxe, ou une option parmi d’autres, mais elle est au contraire une nécessite imposée par le fait que l’humanité est aujourd’hui en mesure de s’auto-detruire. Tel fut le message essentiel du débat de Triglav en Californie. Il s’ensuit que les constructions d’un idéal ou d’une utopie sont sans intérêt, sont seulement des diversions, si elles ne sont pas accompagnées ou suivies par des mesures concrètes et pratiques telles que un accord de désarmement, l’interdiction d’une technologie nuisible, ou encore la mise sur pied d’une institution ayant des pouvoirs réels en matière d’environnement. Devrait-t’on des lors comprendre la notion de « progrès » comme le développement de la capacité de l’humanité de contrôler et orienter ses facultés créatrices vers un bien commun façonne par l’imagination mais aussi par la sagesse et la modération ? Devrait-t’on renomme le progrès et l’appeler sagesse ou apprentissage d’un art de vivre ?

                                  PROGRAMME DE TRAVAIL

Mardi 8 Juillet : 20 heures : dîner

Mercredi 9 Juillet : 9.30 : Ouverture de la réunion

9.30-9.45 : Présentation des participants

9.45- 11.00 : Tour de table sur L’Idée de Progrès et son utilité aujourd’hui

11.00-11.15 : Pause

11.15- 13.15 : Thème 1 : L’idée de progrès dans la culture contemporaine

Introduction et discussion

13.15-14.30 : Déjeuner

14.30- 16.15 : Thème 2 : L’Idée de Progrès et la Democracie Libérale

Introduction et Discussion

16.15-16.30 : Pause

16.30-18.00 : Continuation du débat sur le thème 2 et introduction du thème 3, L’idée de Progrès, l’Utopie Réaliste et la Société des Peuples

18.30 : Réception a Cuy

20.00 : Dîner a Ste Pereuse

Jeudi 10 Juillet 

9.30-11.30 : Débat sur le thème 3 : Idée de Progrès, Utopie réaliste et Société des Peuples

11.30- 11.45 : Pause

11.45- 13.15 : Débat sur les autres points de l’Ordre du Jour : possibilité d’une publication Triglav et aussi d’une « semaine retraite »

13.15 : Déjeuner

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